Comme vous le savez, 3 Français vont participer à la fameuse course Molokai à Hawaii. Bertrand Baechler d'Ondres dans les Landes, Sylvain Mercandalli et Rico Leroy de Lacanau en Gironde. Cette course en plein Océan, entre l'île de Molokai et celle d'Oahu est mythique ! La distance est de 52km environ. Le célèbre lifeguard et watermen Eddie Aikau a donné sa vie, en voulant sauver une expédition scientifique en 1978 dans ce même chenal. Les courants, les vagues, les vents et la houle se combinent pour donner l'un des meilleurs terrains de jeu de la planète. Les meilleurs rameurs viennent s'affronter dans ce chenal à Hawaii.
L'entreprise Oo participe au développement depuis quelques années de la Pirogue Hawaienne en France avec des courses dans la houle et le vent. J'ai posé quelques questions à nos trois Français qui vont vivre une expérience unique. Rappelons que le premier Français à participer en 2004 à la Molokai n'est autre que FX Maurin, en OC1. Il a réalisé une bonne performance, en plus d'ouvrir la voie. Avec Peyo Lizarazu, ils sont les tout premiers à avoir "importé" cette discipline, que nous appelons l'Outrigger Canoe.
Bertrand Baechler Rico Leroy Sylvain Mercandalli
- Comment avez-vous préparé cette compétition ?
Sylvain Mercandalli :
L'être humain et ses adaptations m'ont toujours intéressé, j'ai réalisé une préparation très "scientifique" en adaptant les grands mécanismes physiologiques connus dans d'autres sports (comme l'ultra marathon). La phase de préparation représente pour moi autant d'intérêt que la course en elle-même et mon résultat. Dans ce sport marginal il faut être à la fois athlète et entraîneur et c'est bien plus intéressant.
Bertrand Baechler :
Je me base sur mon expérience de 10 années de rame au niveau des coupes du monde et des championnats du monde de canoë-kayak ; de 88 à 98. Il a fallu adapter un entraînement conçu pour des courses de 20' à des courses de 2 heures (océan racing, Hulinokéa) à 5, 6 heures (Molokai). Je me suis inspiré des plans d'entraînements des raiders : 2 sorties de 1H30/2H au train, 2 sorties en fractionné long 5 à 10' et court type 30"/30" ou 1'/1', une sortie longue 3h. Mais je n'ai pas la hargne ni la fougue que j'avais pour m'entraîner à 20 ans. Je cherche avant tout à me faire plaisir et à partager des bons moments avec des copains. Dans l'entraînement je privilégie le plaisir et les sensations à tout programme draconien et préétabli. Ce n'est peut-être pas le plus efficace mais c'est comme ça que j'entends ramer à 40 ans. Je ne cherche pas à m'infliger des contraintes supplémentaires par rapport au travail et à la vie de famille. Tout ce que je fais c'est du positif et jamais de la contrainte.
Rico Leroy :
En fait c'est Sylvain (le coach) qui a tout planifié ces 5 derniers mois. Il passe un DU de préparateur physique et s'appuie sur cette course et donc notre préparation pour passer son diplôme. Nous nous entraînons 6j/7j et alternons les séances entre les fractionnés de 2/3h et les séances longues de 3h et plus au train.
- Pourquoi êtes-vous passionnés par ce sport ? Qu'est-ce que vous aimez dans l'Outrigger canoë solo et Duo ?
Bertrand Baechler :
C'est vraiment une passion pour moi. Sportaddicted d'abord. Je ne peux pas passer trois jours sans rien faire. Il parait que la dépendance n'est pas physiologique (les endorphines soit disant sécrétées par l'organisme n'ont jamais entraîné de dépendance) mais en tout cas elle est psychologique. Ensuite j'aime la rame, cette sensation de poser la pagaie dans l'eau, de créer un appui et de tout retransmettre au bateau. Tirer sur 2m et faire avancer le bateau de 2m50. C'est ça la classe. Cette sensation de toucher d'eau. A cela ajouter le surf, la prise de vitesse dans les runs, le choix des trajectoires dans les bumps, cette sensation de faire corps avec l'océan, c'est le pied. On fait la course avec les vagues et la houle. `
Rico Leroy :
Sylvain a bien essayé au début de me motiver mais en vain, mis à part les quelques compétitions organisées dans la région pour le Fun. Ce n'est que l'hiver dernier à l'occasion de mon 1er down wind avec Rob Machado et George Downing que j'ai attrapé le virus. Je me suis ensuite acheté une pirogue en rentrant et nous avons commencé à nous entraîner un peu plus sérieusement. Ce n'est que lorsque nous avons pris la décision de participer à la Molokai que les choses se sont corsées. Cette nouvelle discipline m'apporte vraiment un mix entre la glisse et le goût de l'effort. Je ressens en gros la même chose que quand je pratique mes autres activités océanes. C'est aussi un très bon échappatoire au stress et au petit aléa quotidien. De plus c'est un sport qui rapproche l'endurance et la glisse. J'ai trouvé dans l'OC1 quelque chose de nouveau et maintenant ce jouet fait partie intégrale de ma panoplie de waterman. J'aime particulièrement le dépassement de soi dans les sports que je pratique et l'OC1 est un support fantastique pour cela. En double avec Sylvain j'aime l'esprit d'équipe dans l'effort que l'engin et la discipline me procurent.
Sylvain Mercandalli, entrainement cet hiver
Sylvain Mercandalli :
L'Outrigger canoë est un sport qui véhicule des valeurs de ténacité, courage et mérite comme les sports classiques d'endurance avec en plus le côté fun de la glisse et l'adaptation avec l'océan.
- Pourquoi la Molokai à Hawaii ?
Rico Leroy :
La Molokai est la plus vieille et la plus grande compétition du Monde pour cette discipline. Elle est considérée, bien que reconnue par aucune fédération internationale, comme le championnat du monde d'OC1. De plus, le fait que ce soit à Hawaii et que j'y passe 3 mois par an chaque hiver me facilite la tâche pour organiser toute la logistique autour de cette course.
Sylvain Mercandalli :
Faire une course comme la Molokai représente un rêve pour moi, c'est le retour aux sources avec un terrain de jeux idéal (eau chaude, vent de dos, grosse houle, et distance incroyable de 52 Km). C'est en plus l'occasion de prendre des vacances et de couper avec notre routine métro, boulot, dodo !!!
Bertrand Baechler :
La Molokai, c'est la plus grande course, probablement la plus dure. J'y vais pour faire mes armes, pour apprendre et voir les meilleurs.
Plus d'informations :
www.ocean-outrigger.com
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