Basics - Ouragan, typhon et cyclone : formation et différences

Trois terminologies qui recouvrent une même réalité et évoluent dans le temps et l'espace.

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©Satellite MSG

Chaque année, des perturbations appelées majoritairement "cyclones" par le grand public se forment dans les régions tropicales. Ces systèmes de basses pressions sont associés à de vents violents et à des pluies intenses, qui peuvent être responsables de dégâts majeurs lorsqu'ils arrivent sur terre. Ils sont également combinés à une marée de tempête, responsable d'une élévation du niveau de la mer (due à la baisse de pression), ainsi qu'à une fameuse houle cyclonique. Ces phénomènes sont de véritable machines thermiques qui transfèrent l'énergie excédentaire fourni par le soleil, des régions tropicales vers les latitudes moyennes.

Par Thibaud Novel

Les conditions de formation :

Le rôle de l'eau chaude. L'eau chaude est le carburant d'un cyclone, et il est nécessaire d'avoir un océan chaud sur ses premières couches (au moins 26°c sur 50/60m de profondeur) pour que l'évaporation de ces eaux chaudes d'alimentent en énergie le système. Si on met en lien ce critère avec les courants océaniques, cela explique la raison pour laquelle certains bassins sont plus ou moins favorables au développement de cyclone. Le besoin en eaux chaudes des cyclones est également la raison pour laquelle ils perdent en intensité lorsqu'ils pénètrent sur terre.

La latitude. Les cyclones ne peuvent pas se former trop proche de la ligne de l'équateur. À ces latitudes la force de Coriolis - la force produite par l'accélération complémentaire due à la rotation terrestre et qui s'exerce sur tous les corps en mouvement à la surface de la Terre - est négligeable car nulle à l'équateur, et maximale aux pôles. C'est grâce à elle et aux forces de pression que le système va se mettre en rotation. Les conditions favorable sont donc entre 5° et 15° de latitude Nord/Sud.

Les trajectoires typiques des cyclones de latitude moyenne (flèches noires) et des ouragans subtropicaux (flèches vertes) dans le monde.


L'instabilité : La présence d'un air instable sur une couche suffisamment épaisse de l'atmosphère pour développer de la convection est nécessaire. La présence d'ondes tropicales circulant autour de la terre d'Est en Ouest permet quant à elle de produire cette instabilité. La Zone de Convergence Inter-Tropicale (ZCIT), qui se situe dans l'hémisphère d'été, représente une zone de convergence de masses chaudes et humides transportées par les alizés. Visible facilement par image satellite, elle représente une ceinture nuageuse de vastes systèmes convectifs, et donc de zones instables favorables au développement de cyclones.

Le cisaillement de vent : Les cyclones se forment dans les régions où il y a un cisaillement de vent cyclonique, donc un vent à caractère dépressionnaire (sens anti-horaire dans l'hémisphère nord). Le cisaillement vertical de vent horizontal (variation du vent avec l'altitude, en intensité et/ou direction) est également important. Si ce dernier est trop important, il déstructure le système et paralyse son évolution.

La différence entre cyclone, ouragan et typhon :

La terminologie d'un système cyclonique peut évoluer dans le temps. On parlera de dépression tropicale si le vent est inférieur à 63 km/h. De tempête tropicale entre 63 et 117 km/h. De cyclone, d'ouragan et de typhon : si le vent est supérieur à 117km/h, soit 12 Beaufort.La différence entre ces trois derniers termes varie uniquement selon leur localisation : on parlera de cyclone lorsque le phénomène se situe dans l'océan Indien ou dans le Pacifique Sud, d'ouragan lorsque celui a lieu dans l'Atlantique Nord, et enfin de typhon lorsqu'il se trouve dans la région du Pacifique Nord-Ouest.

Les prévisions :

C'est l'Organisation Mondiale de la Météo (OMM) qui organise la veille mondiale des cyclones. Mais chaque bassin océanique possède un centre responsable de la prévision cyclonique. Par exemple, Météo-France est en charge du Sud-Ouest de l'océan Indien avec son centre situé a Saint-Denis, à La Réunion. On distingue deux parties majeures pour la veille cyclonique : la prévision de trajectoire et la prévision d'intensité.

La trajectoire d'un cyclone est définie en grande partie par le vent synoptique, (vent de grande échelle) qui vient s'ajouter à la force de Coriolis déviant cette trajectoire vers le nord (ce qui l'éloigne des eaux chaudes).

Un aperçu du super typhon Haiyan qui a sévit dans le Nord-Ouest de l'océan Pacifique en novembre 2013.

L'intensité d'un cyclone est plus difficile à prévoir. Les processus responsables de l'évolution d'un cyclone sont complexes et peuvent transformer une dépression tropicale en cyclone en moins de 24h. Ainsi l'intensité d'un cyclone (vent) et la pluviosité de ce dernier sont les paramètres les plus délicats à anticiper. On sait cependant qu'un cyclone qui se déplace lentement va être plus menaçant qu'un système rapide, car il peut entraîner de grosses quantités de pluie en un même lieu.

Sur Terre, les océans représentent les zones ayant connus le moins d'observations. Ces dernières années, les campagnes d'observations sont de plus en plus nombreuses et permettent de mieux représenter l'environnement d'un cyclone, ce afin de mieux le modéliser.

L'impact sur le surf :

Dans une région comme le Japon, les typhons jouent un rôle prépondérant quant à la formation de la houle. Ici, Mick Fanning.

Par leurs vents, les cyclones sont à l'origine de fetchs que l'on considère dynamiques, puisqu'ils sont en mouvement tout comme le cyclone.

Les fetchs peuvent parfois être considérés comme court (zone de vent de même intensité et direction plus courte comparée à celle présente lors de dépressions hivernales) et peuvent empêcher une pleine formation des vagues, malgré l'intensité du vent au sein du fetch. Cependant le cyclone, de par son mouvement, peut accompagner le fetch et ainsi le rendre plus grand et long. Cela permet donc la formation d'une houle puissante de longue période, qui se déplacent plus rapidement que les houles de courte période.

Lorsqu'une houle issue d'un cyclone voyage sur une longue distance, les trains de houle de longue période vont pouvoir prendre la tête du groupe et laisser les trains de houles de plus courte période (plus lents) derrière, et donc créer une houle plus organisée.
                 
Mots clés : cyclone, typhon, ouragan, dépression, houle, vague | Ce contenu a été lu 13848 fois.
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