Environnement - #bestof | En Australie, des collectifs s'évertuent à réfléchir l'érosion autrement

Si les institutions locales se replient sur les digues verticales, d'autres solutions viables et moins agressives existent.

- @oceansurfreport -
- Initialement publié le 11 août 2022 -

La branche australienne de Surfrider Foundation en a fait l'une de ses campagnes principales, "Save our land : stopping vertical sea walls" (sauver notre terre : empêcher les digues verticales). Alors que sur plusieurs plages du pays, notamment en Nouvelle-Galles du Sud à Collaroy (où l'on trouve la vague de Narrabeen), et à Wamberal les fronts de mers subissent les effets de l'érosion, les institutions locales se replient vers les digues verticales pour tenter de limiter les dégâts. 

Cette solution à court terme n'est pourtant pas idéale, dénaturant de façon permanente les bords de mer. De plus comme l'explique Surfrider, "les dunes sont les digues de la nature, elles agissent comme les précieux poumons de la plage qui inspirent et expirent avec les marées." Ce processus dynamique et naturel est gêné par les digues construites par l'Homme pour protéger propriétés privées et autres infrastructures. À long terme pourtant, elles accentuent la destruction des plages, en durcissant la côte sans permettre à l'environnement de se rétablir naturellement.

Selon l'association, les scientifiques spécialistes des côtes du monde entier sont ainsi formels : "les digues verticales protègent les propriétés terrestres à court terme mais finissent par détruire les plages".


Le rechargement des plages, une technique plus durable

Face à ce constat, des regroupements de résidents comme Wamberal Beach SOS, qui regroupe plus de 3000 personnes, font entendre leur voix pour empêcher la construction de ces digues, et demander l'étude de solutions plus sensées. Dans des idéaux plus en accords avec leurs valeurs communautaires, ils appuient notamment le beach nourishment, en français sable de reconstitution. Selon le National Park Service des États-Unis, ce processus aussi appelé "rechargement des plages" consiste à venir déposer des sédiments supplémentaires (du sable, donc) sur une plage ou un littoral.

La dynamique retenue étant qu'une plage plus large et plus haute peut offrir "une protection contre les tempêtes aux structures côtières" au même titre qu'une digue verticale, mais aussi "créer un nouvel habitat et améliorer la plage pour les loisirs". Cette solution permet d'offrir à la plage sous l'effet de l'érosion un nouveau souffle et ainsi conserver sa fonction naturelle de protection des côtes. 

D'après Surfrider Foundation Australia, ces solutions moins dommageables ont déjà été "mises en œuvre avec succès dans des régions comme la Gold Coast". Pour ce qui est du sable ajouté sur les plages, celui-ci peut être dragué au large (ou plus rarement provenir des terres) et déposé directement sur la plage, ou bien déversé près du rivage pour que le système naturel de l'océan vienne lui-même tirer à lui la matière nécessaire. 


Pourquoi une structure solide détruit-elle la plage à terme ?

Le collectif Wamberal Beach SOS, dans son besoin de faire comprendre les enjeux de ces décisions environnementales, explique en ces termes la problématique portée par les digues verticales

"L'angle de friction ou l'angle de repos d'un sable très meuble est de 25 degrés. Comme vous le voyez sur une forure naturelle, il y a un léger angle (d'environ 15 à 25 degré) qui s'étend de l'eau vers la terre. Cela est dû au fait que l'océan charrie du sable et le dépose sur le sable existant. Au fur et à mesure que le littoral s'élève, l'eau ne peut plus pousser sur la plage en raison de la pente. Par conséquent, l'eau semble reculer et la largeur de la plage augmente.

"Si l'on place une structure rigide au bout du mouvement de l'océan, cela crée un effet de réflexion. Au lieu que l'océan dépose du sable, un effet de ressac est créé et le sable est ramené vers l'océan. Le sable ne se dépose plus aussi loin sur la plage, ce qui réduit la largeur totale de la plage, jusqu'à ce qu'elle disparaisse."

De plus, les dunes étant formées par le dépôt de sable poussé par le vent, les structures verticales solides empêchent aussi le sable de s'amasser. Les dunes se dissipent alors peu à peu, jusqu'à disparaître.

Initialement publié le 05 janvier 2022
                               
Mots clés : australie, environnement, erosion, sable, dune, surfrider, nouvelle galles du sud | Ce contenu a été lu 5335 fois.
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