Alerte pollution en Bretagne.
Alors qu'il venait de quitter le port de Lorient pour rejoindre le nord de l'île de Groix, un cargo battant pavillon maltais, le TK Bremen, s'est échoué dans la nuit de jeudi à vendredi sur la côte du Morbihan, provoquant une importante fuite d'hydrocarbures. Les 19 membres d'équipage du navire, qui transportait du ballast, ont été évacués par hélicoptère, peu après l'échouement qui s'est produit à 2 km au sud de l'embouchure de la ria d'Etel, près de la plage Erdeven vers 2 heures du matin ce vendredi.
C'est une brèche dans la coque du navire qui a provoqué cette fuite, entraînant malheureusement une nappe de 1km sur 5m se dirigeant vers les plages de Kerminihy et Erdeven. Cependant, la préfecture du Morbihan s'est montrée rassurante. "La pollution devrait rester limitée à la zone proche du navire", a déclaré son porte-parole Marc Gander. Mais ce sont tout de même environ 190 tonnes de fuel et 50 tonnes de gazole qui se seraient vidées des cuves du cargo, selon Roland Lecocq, commandant de la compagnie de gendarmerie de Lorient. "Pour l'instant, toute la pollution est en mer et la plage n'est pas touchée, mais il est probable que l'on retrouvera des galettes de fuel sur la côte dans les prochaines heures", a-t-il déclaré.
La ministre de l'Écologie Nathalie Kosciusko-Morizet s'est par ailleurs rendue ce vendredi sur les lieux pour constater l'ampleur du sinistre.
D'une part, les ostréiculteurs des environs ont mis en place des barrages pour se protéger des hydrocarbures D'autre part, les autorités ont ordonné le déploiement de barrages flottants pour contenir la pollution, ainsi que des opérations de pompage pour vider les cuves du navire. Le navire avait quitté le port de Lorient dans l'après-midi de jeudi pour mouiller au nord de l'île de Groix et y attendre l'amélioration de la météo, avant de reprendre sa route vers le Royaume-Uni, a précisé la préfecture maritime. Ne parvenant pas à tenir son mouillage, il a tenté d'en rejoindre un autre plus abrité, mais a malheureusement commencé à dériver avant de s'échouer sur la côte.
Le parquet de Brest, compétent en matière de pollution maritime, a ouvert une enquête et l'a confiée à la section de recherches de la gendarmerie maritime à Brest. "L'enquête devra chercher à déterminer les causes du naufrage et tout ce qui est relatif à l'étendue de la pollution", a déclaré la gendarmerie maritime. "Une vingtaine d'hommes sont mobilisés en ce moment sur le terrain afin de procéder à une série de constatations et de relevés". Les enquêteurs devront également entendre des membres de l'équipage du navire. L'enquête devra notamment établir s'il était "opportun ou non d'appareiller", a indiqué, vendredi, le capitaine de frégate Marc Gander, chargé de communication de la préfecture maritime de l'Atlantique.
Très préservée, la ria d'Étel est un site touristique très apprécié pour ses plages de dunes sauvages, ses sentiers de randonnée et ses ramifications aquatiques à l'intérieur des terres. Ses dunes, qui s'étendent sur plusieurs kilomètres, protégées de toute construction par la présence militaire dans la région, abritent une faune et une flore très riches, selon les guides touristiques. À l'embouchure, la barre d'Étel, située à la jonction entre la ria d'Étel et l'océan, est célèbre pour son banc de sable en perpétuel mouvement, avec le mélange de différents courants.
Tous les moyens sont mis en oeuvre depuis ce matin pour éviter que la pollution se propage vers Lorient et la presqu'île de Quiberon, mais la Bretagne reste ce soir sous la menace d'une marée noire.
A l'appel de l'Association de protection de l'environnement Surfrider Foundation, une manifestation a eu lieu ce vendredi soir à 20h devant la mairie d'Etel pour dénoncer ce nouveau désastre et exiger la poursuite et le jugement des auteurs présumés de cette pollution. Sachez qu'une nouvelle manifestation est prévue demain samedi à partir de 15h ! (plus de renseignements sur la page Facebook "révoltons nous contre les pollueurs")
Liste des marées noires enregistrées depuis 1967 sur les côtes bretonnes :
1967 : le 18 mars, le Torrey Canyon, chargé de 119 000 tonnes de brut, s'échoue entre les îles Sorlingues et la côte britannique.
1976 : le 15 octobre, le pétrolier est-allemand Boehlen, transportant 9 500 t de pétrole brut coule au large de l'Ile de Sein. Le 13 mars, le pétrolier libérien Olympic Bravery, se brise à Ouessant où il perdra 1 200 tonnes de brut.
1978 : le 16 mars, l'Amoco Cadiz s'échoue à la pointe finistère (Portsall) et déverse 227 000 tonnes de brut.
1979 : le 28 avril, le pétrolier libérien Gino transportant 32 000 tonnes de noir de carbone coule au large de l'Ile d'Ouessant
1980 : le 7 mars, le pétrolier malgache Tanio, chargé de 26 000 tonnes de fuel, se casse en deux par le milieu, au nord de l'île de Batz (Finistère) par une forte tempête et des creux de 7 mètres. Au moins 6 000 tonnes de fuel sont répandues à la mer.
1999 : le 12 décembre, le pétrolier maltais Erika, chargé de 31 000 tonnes de fuel lourd se casse en deux à une trentaine de milles au sud de la pointe de Penmarc'h (sud Finistère).