Interview - Rencontre avec Blake Peters

Le shaper australien à UWL

- @oceansurfreport -

Nous vous annoncions la semaine dernière la venue en France, à l'atelier UWL de La Rochelle du 16 juin au 1er juillet ,de Blake Peters, le shaper australien de 29 ans. Aujourd’hui, il a bien voulu répondre aux questions de UWL sur sa vie, ses inspirations et sa marque Panda Surfboards.

UWL : Pouvez-vous nous parler un peu de vous-même ? Votre univers, d'où êtes-vous…

Blake PETERS : Eh bien, j'ai vécu sur les plages du nord de Sydney toute ma vie, passant le plus clair de mon temps à surfer autour de Mona Vale. Mes racines familiales viennent du monde de la voile, tout droit de mon arrière grand-père qui avait l'une des premières maisons sur Paradise Beach à Avalon dans le début des années 1900. Ils ont toujours eu des bateaux. Mon père était champion australien de surf lorsqu'il était jeune. Il a toujours surfé. Enfant, j'étais tous les jours à la plage, je ne me souviens pas avoir eu tout de suite une planche sous le bras, mais les choses sérieuses ont commencé vers 8-9 ans.


UWL : Comment avez-vous commencé dans l'industrie de la planche de surf ? Était-ce quelque chose que vous aviez toujours voulu faire où quelque chose qui vous est tombé dessus ?  

Blake PETERS : Quand j'étais grom, j'étais obsédé par le surf. Alors quand est venu le temps de chercher un emploi, je cherchais que dans le surf. J'ai obtenu un emploi comme réparateur à Collaroy Plateau et c'est là que j'ai appris les bases et où j'ai commencé les bidouilles avec de la mousse et de la fibre de verre. J'avais environ 16 ans à l'époque. Puis, quand j'ai fini l'école, j'ai décidé d'étudier le marketing... une formation spécialisée dans l'industrie du surf et j'ai travaillé sur quelques-unes des grandes entreprises .C'est là que j'ai pu rencontrer Luc Short à Mona Vale pour y acheter de la résine pour réparer mes planches : au final il m'a offert un emploi. Luc et moi avions eu l'occasion de parler chez Wicks surfshop un jour alors que je travaillais là-bas et il se souvenait de moi et cherchait quelqu'un pour manager son showroom et faire quelques jobs à l'atelier. C'est là que tout a commencé pour moi ... J'ai travaillé chez Luc Short environ 2 ans entre mes études et les voyages. Après mon dernier voyage, je suis revenu voir Luc mais il était parti de l'atelier. Sean Wilde et Damien Merry étaient toujours là et j'avais décidé alors que je voulais vraiment apprendre à shaper. Ils m'ont montré ce dont j'avais besoin et j'ai eu la chance de commencer mon entreprise de réparateur et de faire quelques planches pour les amis. Bientôt, les planches sont devenues ma priorité et l'histoire de Panda commence là.

UWL : Qui vous a inspiré ?

Blake PETERS : Ma plus grande inspiration vient du travail du shaper Luke Short, mais j'ai aussi toujours admiré Chilli, Steve Zoeller, Sean Wilde, Pete Daniels et Mark Gnech.

UWL : Comment Panda est arrivé ?

Blake PETERS : Je n'ai jamais voulu appeler mes planches Blake Peters Shapes et faire la même chose que tous les autres gars du coin. Je voulais quelque chose qui me permette de construire une marque, quelque chose d'accrocheur, amusant et intéressant. C'est pour ces raisons que j'ai choisi Panda et c'est cool !


UWL : Avez-vous trouvé difficile de faire votre nom dans ce milieu déjà bien rempli ?

Blake PETERS : OUI ! C'est tellement dur et je sens encore que rien n'est acquis même après 9 ans. Je sens que je suis là pour l'instant, mais je suis certainement sur le bon chemin. Il est extrêmement difficile d'essayer de vous différencier des autres marques.

UWL : Comment les États-Unis sont venus dans votre business ? Est-ce toujours dans les plans de Panda surfboards ?

Blake PETERS : Les États-Unis ont commencé lorsque que j'ai fait des planches pour Ford Archbold il y a 3 ans, c'est lui qui m'a attiré là-bas. J’y suis allé il y a quelques années pendant qu'un copain travaillait dans un atelier. Je traînais et faisait quelques planches. J’y suis retourné l'année suivante, fait la même chose, mais quelque chose s'est déclenché dans ma tête... J'ai décidé de revenir un mois plus tard pour faire la saison d'été. Maintenant, je fais deux étés complets et la marque commence vraiment à bouger là-bas.

J'ai remarqué ces derniers temps, et je suis sûr que c'est ce qui se passe depuis longtemps, que les jeunes australiens sont vraiment des tueurs dans leurs domaines respectifs ici aux États-Unis.

UWL : Le souci des détails, ne pas faire trop de conneries, une attitude avant-gardiste semblent vraiment aller bien ici. Quelles sont vos réflexions à ce sujet ?

Blake PETERS : Je trouve que les gens aux États-Unis sont généralement comme les Australiens et si vous êtes gentil avec eux et que vous faites preuve de respect, il n'y aura pas de soucis. J'ai trouvé que dans mon domaine, que j'apportais quelque chose de nouveau sur le marché, mais aussi avec un plus grand marché, il est plus facile de développer une marque et d'obtenir une plus grande reconnaissance. Je pense aussi que ce qui se passe ici avec les planches de surf est beaucoup plus créatif et a un look très différent que les Américains apprécient beaucoup. C'est la terre d'opportunités et il y a tellement de chose à faire et si vous êtes motivé, vous êtes susceptible de réussir.

UWL : Comment s'est passé votre rencontre avec Ford Archbold ? Il semble être en parfaite connexion avec votre univers. Vous êtes tous les deux des nouveaux dans votre domaine et vous semblez tous les deux prêts à essayer des choses un peu différentes du statu quo, ce qui semble être la meilleure façon de se faire remarquer dans l'industrie du surf ces jours-ci.

Blake PETERS : Ford était ici en Australie il y a environ 4 ans et je venais juste de lui faire quelques planches et nous avons traîné et surfé ensemble. Un an plus tard, il est revenu en me disant qu'il avait beaucoup aimé les premières planches, donc nous en avons fait d'autres et il les aimait vraiment toutes. On a eu un tas de couverture de magazines et nous avons décidé de rendre tout ça officiel, il a donc rejoint l'équipe. Depuis, nous avons expérimenté beaucoup de choses et son approche de surf a totalement changé. Il cherche à repousser les limites de l'habituelle shortboard, ce qui me force à sortir du cadre et changer les règles. Il semble que le plus étrange, c'est que les nouvelles formes que l'on combine, interpellent les gens et j'aime beaucoup les réactions que cela créent. Allez chez un fabriquant qui ne sait fabriquer que de la planche blanche haute performance, plus personne n'en veut !


UWL : Que voyez-vous sur les prochaines grandes révolutions dans la conception d'une planche de surf ? Dans le monde du shape actuel, est-ce le design, le matériel ?

Blake PETERS : En ce moment je ne pense pas que les matériaux vont beaucoup changer, c'est à peu près la même depuis les 40 dernières années, quelques réglages et différents processus mais bon rien de révolutionnaire. Je pense qu'il y aura des changements de conception, mais rien de bien grave. Regardez comment les formes ont changé au cours des 5 dernières années ! Nous allons plus assister à des évolutions...

UWL : Parlons bilan carbone, tout doit être vert, c'est une tendance dans le monde en ce moment, avez-vous regardé les matériaux ou les approches qui respectent l'environnement ? Il semble que, pour l'instant, si vous allez vers l’écologie, les performances de la planche, elles, bottent en touche.

Blake PETERS : J'ai étudié les solutions de résine époxy à base de sève d'arbre et un certain nombre d'autres choses, mais ils n'ont pas l'air aussi bon que les composites ordinaires. Si les clients n'étaient pas aussi préoccupés par la blancheur de leur planche et de son coût, alors nous pourrions faire des planches vraiment écologiques. Je pense que nous pourrions faire une planche performante écolo, c'est juste que je pense qu'il n'y a pas une réelle demande. En disant cela, je suis maintenant à un stade de ma carrière où je veux essayer de nouveaux matériaux et trouver de nouvelles façons de fabriquer des planches.

UWL : Si un jeune aspirant shaper vous demande votre avis sur comment démarrer dans ce métier, quel serait votre meilleur conseil ? Pour quelqu'un qui n’y connait pas grand chose, tout cela peu sembler un peu intimidant, car ces personnes ne sont vraiment pas disponibles.

Blake PETERS : Je dirais, achète-toi un rabot et un pain de mousse et lance-toi. C'est vraiment la seule façon. Va voir ton shaper local et demandes-lui s'il peut te montrer les bases pour commencer. Un shaper ne vous montrera pas tout, car il n'aime pas donner tous ses secrets. Il faut essayer et faire des erreurs pour apprendre. C'est à vous d'apprendre. Car si vous attendez de tout recevoir du shaper, cela ne suffit pas, vous n'en saurez jamais assez pour devenir un bon shaper. Aux États-Unis, et un peu partout dans le monde (la France aussi), il y a des lieux qui vous enseignent les bases du shape, ce qui est cool.

UWL : Un dernier mot?

Blake PETERS : N'ayez pas peur d’essayer quelque chose de nouveau. Sortez des chemins battus du marketing des grandes marques, parce que votre shaper local peut probablement vous faire des shapes aussi bien, voir mieux !

 

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