Interview - Rencontre avec Ellis Ericson

Le shaper arrive chez UWL Workshop

- @oceansurfreport -

Ellis Ericson débarque début octobre chez UWL WORKSHOP, l'atelier de fabrication de planche de surf basé à la Rochelle. Rencontre avec ce free-surfeur/shaper hors norme.

Ellis Ericson a grandi à Byron Bay en Australie, mais il vit aujourd'hui à Bali, quand il n'est pas en surf trip autour du monde. C'est un free surfer né, il surf partout dans le monde et sur n'importe quel type de planche.

Ellis Ericson est un jeune shaper qui a hérite son talent de son père, shaper australien reconnu dans les années 70. Ellis est aussi ambassadeur et team manager Australie pour la marque RVCA, il est régulièrement en trip aux côtés de riders au style varié comme Alex Knost et son style « désarticulé néo rétro » ou Daniel Jones au style moderne et aérien.

Toutes ses influences se retrouvent dans ses shapes, inspirés du passé mais modernisés pour en faire des planches de trip parfaites pour tous les styles !

Ellis, peux-tu nous raconter d'où tu viens ?

EE : « Ma mère surf, mon père surf, ma sœur surf, donc nous sommes une famille tournée vers la plage. Nous avons déménagé de Sydney à Byron Bay quand j'avais 8 ans, mes parents cherchaient du changement, du calme et plus de temps pour surfer. Byron Bay est une ville assez libre et ouverte d'esprit, les vagues y sont longues et la ville a vraiment sa propre identité. Je pense que je suis un produit de tout ça, je suis à la plage depuis ma naissance donc j'étais destiné à surfer !

De 10 à 16 ans, je ne surfais que des shortboards haute performance, je faisais des compétitions et voyageais dans le monde entier. Je suis arrivé à un moment de ma vie où j'étais un peu fatigué et blasé, j'avais perdu le plaisir de surfer. Mais la passion était toujours là, et j'ai commencé à chercher d'autres façons de surfer hors de la compétition et de la recherche du meilleur trick. J'ai commencé à surfer d'autres planches empruntées à des amis qui étaient dans cet état d'esprit. J'ai commencé à regarder les vieux shapes et j'ai découvert ces shapes et la culture surf de l'époque.

Ca m'a fait réfléchir à mon surf et mes racines et je me suis rendu compte à nouveau combien le surf était cool et important pour moi. Je me suis donc retrouvé dans une salle de shape avec mon père, qui était un shaper dans les années 70 et 80 et qui shape encore aujourd'hui. Je me suis rapproché de lui et il m'a enseigné son savoir-faire. Il est un grand artisan, donc son apprentissage et sa vision a changé la direction de mon surf. Je me suis plus focalisé sur le matériel et je suis tombé amoureux du shape. Depuis, j'essaye de faire évoluer mes shapes, faire de meilleures planches et essaye de surfer les plus belles vagues avec.

Comment en es-tu venu au design de tes planches ?

EE : « J'ai commencé à shaper de vieux designs car je voulais vraiment revenir en arrière et revisiter la période des 70's. Quand j'ai commencé à surfer de vielles boards chinées dans les brocantes ou autres vides greniers, les gens m'ont parlé de retour aux sources ou voyage initiatique, mais ces planches correspondaient mieux à mon surf que les thrusters. Je sentais que je pouvais m'exprimer plus quand je surfais, c'était plus naturel. Quand je m'entrainais pour les compétitions, j'avais l'impression que mes boards m'empêchaient de faire ce que je voulais dans les vagues.

Les planches 70's/80's, et principalement les twins 80's, me permettaient de surfer comme je le voulais. La façon dont le surf était vécu à cette époque, les personnalités et le sentiment de liberté m’attiraient.

J'étais vraiment inspiré par la période de transition des guns et mini guns et en général des designs en goutte d'eau des shapes 70's que Dick Brewer et autres shapers faisaient à cette époque. Les shapers australiens étaient influencés par les planches de Terry Fitzgerald au début des années 70 et par les Twin fins Mark Richards. Je vivais à Sydney quand j'ai commencé à shaper et il y avait beaucoup d'histoires là-bas sur l'évolution du shortboard grâce à Bob McTavish et Midget Farrelly. »

Comment ressens-tu le mot « Retro » et plus particulièrement quand on parle de tes planches ? On dirait un terme fourre-tout dans le surf aujourd'hui... ?

EE : « La majorité des gens pensent que ce genre de shapes sont rétros voir rétrogrades, c'est plus facile pour donner une identité à une marque, donc plus facile à vendre que ce soit pour des planches ou des vêtements. Le grand public comprend mieux la marque et peut prendre la décision ou non d'acheter. Certains aiment l'idée du rétro d'autres la déteste. Pour être honnête je ne me pose pas vraiment la question d'être rétro ou moderne. Pour mon shape, c'est plus une question d'inspiration, comme suivre un courant quand on est artiste. J'aime puiser dans le passer pour shaper mes planches, mais je ne fais en rien des copies. Ma créativité est plus inconsciente comme pour mon style de surf. Je ne pense pas vraiment au passé ou au future, quand je shape ou que je surf, j'agis plus au feeling avec mes bases et mes inspirations pour créer ce que j'aime à l'instant présent. »

Qui et quelles sont tes inspirations du moment ?

EE : « Il y avait beaucoup d'Histoires autour de moi, j'avais accès à beaucoup de différentes planches desquelles je pouvais prendre des idées, m'inspirer. J'ai définitivement puisé mon inspiration chez les pionniers et autres expériences de la naissance de la shortboard dans les années 70, qui comme on le sait est née en Australie.

Mais aujourd'hui, si je dois parler des gens qui m'inspirent, je dirais Neal Purchase Jr, j'aime vraiment ses planches. J'ai aussi eu la chance de rencontrer et de shaper avec Andrew Kidman que j'ai vraiment aimé regarder shaper. »

Tu es plus souvent en voyage qu'à la maison, comment as-tu commencé à voyager autant ?

EE : « Le surf a vraiment explosé ces 10 dernières années, plus rapidement que jamais auparavant. Il y a la pression des spots surpeuplés et la recherche de la solitude, ou du plaisir à surfer avec juste une poignée de potes sur une vague parfaite loin des villes, est de plus en plus dur à trouver. J'ai rapidement senti le besoin de m'éloigner de tout ça, de plus la vie en Australie est de plus en plus chère. Il y'a quelques années je ne trouvais plus de bonnes vagues et mes revenus ne couvraient plus mon style de vie. J'ai donc pris la décision de m'installer à Bali et de dédier ma vie à chercher des bonnes vagues, tester mes boards et me projeter dans le futur. Le but n'était pas de me retrouver dans la foule avec des vagues pourries mais de chercher la meilleure vague possible. J'ai donc fini par voyager le plus possible à la recherche de LA vague. »

En étant avec RVCA ces dernières années, j'ai eu la chance de rencontrer de grands artistes dont Kelsey Brookes qui est maintenant un très bon ami. Il a été scientifique mais ne se sentait pas heureux et il a commencé à voyager et à peindre, maintenant c’est un artiste. Je vois définitivement ma vie comme ça, à la manière dont il a trouvé sa voie et est devenu ce qu'il est aujourd'hui. C'est très motivant.

Un autre artiste que j'ai eu la chance de rencontrer est Barry McGee. C’est aussi un très bon ami et il m'a aidé pour les logos de mes planches. La façon dont il vit sa vie, et sa passion pour le surf…Il passe plus de temps dans l'eau que moi ! »

Quel est le futur d'Ellis Ericson ?

EE : « Je vais faire évoluer mes planches, je vais continuer quelques modèles que je fais depuis le début mais je vais radicalement tout changer. Je vais garder les mêmes influences mais je vais développer mes propres modèles avec mes propres spécialités. J'ai travaillé sur des nouveaux outlines, avec des cassures, des wings et des nouvelles dérives. J'ai gardé tout ça un peu pour moi, mais je vais bientôt lancer ma nouvelle gamme. Mes planches sont actuellement testées et affinées, pour être parfaites d'ici quelques mois (NDLR : l'iinterview s'est déroulée il y a 6 mois).

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site officiel d'Ellis Ericson :  http://www.ellisericson-france.com/

Si vous ne visualisez pas la vidéo, cliquez ici

 

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