David Lefèvre est un rider tout droit venu de la Bretagne et qui représente à merveille son petit coin de paradis. Il est aussi un des riders les plus connus de France, non pas pour sa participation au Tour Mondial mais plutôt pour son implication sans faille dans cette passion qui l'anime depuis maintenant presque 20 ans.
Surf Report : Salut Davo, tout d'abord comment vas-tu ?
Davo Fever : Salut, ça va très bien je rentre juste d'un trip à La Réunion avec du bon temps, de bonnes vagues, des rougails saucisses 6 jours d'affilée avant de saturer ; ) et de très bons moments arrosés à la Dodo et au Rhum local.
S.R. : Est-ce que tu pourrais te présenter en quelques mots ?
D.F. : J'ai 32 ans, je vis dans le Finistère Nord 29 en Bretagne, le plus grand de tous les pays. Je voyage chaque semaine car je suis Stewart. J'apprécie à fond chaque instant, les cultures locales, rider au maximum dès que possible. Être au bon endroit au bon moment pour rider les meilleurs vagues surtout en Bretagne, quitte à faire des kilomètres mais au bout du compte la journée n'en sera que bénéfique. Des vagues incroyables souvent partagées avec les amis. Et ça, ça n'a pas de prix. Avec Guillaume H. un pote, on en a déjà parlé, je suis entièrement d'accord avec lui, une vague rentabilise une session et même un trip. Il suffit de rider une pépite et tu es comblé pour une semaine, un mois, parfois c'est la vague de ta vie. Paxcou en parle très bien aussi en évoquant Padang Padang, il vaut mieux rider 2 vagues en 3 heures mais que ça soit 2 vagues d'une vie que 20 vagues habituelles, à méditer...
S.R. : On voudrait savoir pourquoi Davo Fever ? Tu veux peux-etre rester incognito comme un Batman ou Zorro version Boogie ?
D.F. : C'est simple, Fever vient de mon nom de famille Lefèvre qu'un ami "Ré? a retranscris en anglais comme The Fever ahahah... et Davo car j'ai toujours apprécier le ride de certains Australiens comme Rick ?Banno? Bannister & co j'ai tout simplement switcher ?David? en ?Davo?. Le côté incognito me plaît aussi. Après Thomas Jonkette Joncour et d'autres m'appellent souvent la Fièvre pour sûrement mon envie de riding, ma motivation.
S.R. : Où et quand as-tu commencé le bodyboard ?
D.F : J'ai ridé mon premier Morey Boogie Aussie sur un spot incroyable dans le Finistère, je ne mentionnerai le nom car c'est tout simplement ma vague de sable préférée de loin en Bretagne. Je remercie Fabien Jaouen pour m'avoir emmené rider cet après midi d'été. Une révélation. Le lendemain j'allais me procurer un shorty pour mon premier hiver, c'était en 1992. Puis je me suis procuré une combinaison d'occasion et ma première board Morey Boogie Gripper Pro. Et la flamme ne s'est jamais éteinte.
S-R : Quelqu'un t'as initié ou tu t'y es mis tout seul ?
D.F : Je mis suis mis seul puis des amis ont pris goût aussi quasi instantanément : Seb Le Guen, Yann Abgrall... À l'eau à cette époque-là, tu glissais avec peu de riders et la marge de progression était lente. J'ai pu apprécier auprès de riders avec les riders expérimentés de ma côte Nord : Yves de Orestis, Jako Urien, les frères Habasque... Des légendes de ma côte tout simplement. L'histoire du bodyboard en Bretagne s'écrit chaque jour à chaque session. Ces riders-là étaient incontournables pour leur style et leur engagement à l'eau. Ils m'ont donné l'envie de rider pour la vie. Quand tu es un kid en 1991, le bodyboard est inconnu, il n'y a aucun accès aux cartes météos, aux vidéos, pas de web, pas de portables pour les sess?, pas encore de permis pour profiter des spots lointains. Donc tu vas rider chaque weekend accompagné de ta mère en tout cas pour moi, qui patientait dans la voiture en plein hiver. Merci Maman (J'habitais à 30min de la côte). Les kids actuellement progressent à vue d'oeil.
J'ai ensuite beaucoup rider pendant mes années à la Faculté avec Laurent Jegoudez, on enchainait les sessions. Maintenant j'ai la chance de rider aux côtés de riders motivés qui sont des mes amis : Bourgnon, Guillaume, Pedro, Antho, et les riders bretons avec qui je connecte le plus possible pour scorer, les kids du Kérou, Jean Sèb? Geoffroy le kid le plus prometteur du bodyboard breton, Yann Salaun qui est tout le temps chaud pour glisser, et pour moi le plus gros chargeur breton Yves Marie mamaz Lefourn, un rider avec un mental dans le gros et le smile pendant les sessions. J'aime rider avec des gars motivés avec un bon esprit, en surf des riders comme Jonkette et Aurel Jacob sont des exemples à suivre, des surfers talentueux, respectueux des bodyboarders, qui chargent nos slabs.
S.R. : C'était quoi ta première board ?
D.F : Morey boogie Gripper Pro puis
Ocean & Earth Kirra
Wave Rebel B.Wise
TOOBS mc Bride
Pride Stylus
Pride Niko Richard
Science MS 5
VS rawlins
Pride Woodland
Pride Cade Sharp
Je ride actuellement une PRIDE woodland 41 pe en BZH & une Cade Sharp 41 pp en eaux chaudes. Des boards parfaites.
S.R. : On entend de plus en plus parler de toi, c'est quoi ton secret ?
D.F : Je citerai mote pote Yohan. Le Yo parlant de ma passion pour le bodyboard : ?Parce que le gars n'a pas la passion du boogie, il EST la passion.? C'est incroyable comme description. On a tous cette passion, cette envie, cette motivation. Le bodyboard c'est ce qui nous anime tous.
Le bodyboard m'a donné tant, des amis, des vagues inoubliables, des voyages sans fin, une vision de la vie particulière faite de swell, d'horaires de marée & cie mais une vie tellement belle à vivre. L'Océan apporte tout ce qu'on a besoin. Soyez passionnés, appréciez chaque vague, sessions entre amis ou avec des inconnus. Glisser et nager en mer, attendre des vagues, scorer des barrels, c'est notre vie.
S.R. : Tu fais quoi en dehors de ta passion pour le bodyboard ?
D.F : Je voyage beaucoup, je prends l'avion tout le temps. Je passe de bons moments à me reposer à la maison dans le Finistère avec ma femme et le roi des chats mon persan Mioumioune. J'écoute énormément de musique : de Bob Dylan à Rise Against, Raised Fist, Du Heavy Rainbow, de la folk Neil Young, du Hardcore CONVERGE ....
J'adore les bons films, séries : des incontournables FARGO des frères Cohen, INTO THE WILD de Sean Penn et en séries Sons of Anarchy, Misfits, Engrenages, Breaking Bad ?
S.R. : Tu es un peu un activiste qui, à force de tout donner au bodyboard est entrain de sortir de l'ombre ?
D.F. : Je n'ai pas l'intention d'être dans la lumière mais plutôt de scorer de belles sessions avec des riders ouverts d'esprit partout dans le monde. Les riders français sur le tour IBA et d'autres, eux, méritent d'être dans la lumière tout le temps. Ce sont pour moi des équivalents de Super Héros : inarrétables sur les slabs les plus à sec, repoussant sans cesse les limites. Merci à eux d'être là, de nous faire rêver et de déchirer autant. Le niveau français et mondial est fou. Et c'est beau. C'est beau de voir notre passion se développer.
S.R. : Tu as lancé ton blog il n'y pas très longtemps, pourquoi ?
D.F. : Partager des vidéos et des photos, c'est ce que j'ai toujours adoré avec le web. Chaque jour maintenant, on peut voir des riders et des réalisateurs nous faire rêver et moi j'aime ça, rêver. RIRAW tv avec J-F Sarda réalise des vidéos superbes, on peut voir PLC déchirer chaque destination. C'est la même chose avec FOCUS Prod de la RUN des vidéos superbes à faire tourner sans cesse, merci à eux, ils nous font aimer chaque jour un peu plus notre bodyboard.
S.R. : Tu es toujours à la page, tu as toujours les dernières infos comment tu fais ? C'est toi le "BOSS" de l'industrie (haha) ?
D.F. : Le Boss de l'industrie non, mais je le connais ahahahhah. Comment je fais, je passe trop de temps sur le web à dénicher des vidéos, des liens, des anecdotes. J'adore parler tout le temps et le web est une source sans fin d'infos donc je puise ici et là mes sources.
S.R. : Niveau bodyboard tu bosses sur quoi en ce moment ?
D.F. : Alors grâce à Yann Salaun qui est hallucinant de niveau à l'eau, j'ai pu comprendre le Backflip. Donc j'essaie à chaque session de m'appliquer sur ce move. L'invert c'est pareil, le move est pas évident quand on a pas un bon gros bowl à fly. Yoan Florentin, Charly Chapelet & Co m'ont aussi conseillé pour l'invert et parler avec des riders de ce niveau vous permet de mieux comprendre ces manoeuvres.
S.R. : On voit que tu voyages beaucoup, tu peux nous dire tes spots préférés ?
D.F : Mes spots préférés ? Puerto Escondido, c'est vague vraiment puissante & avec des barrels super ronds. Aussie Pipe en OZ, qui est une vague parfaite pour le bodyboard. Annaelle en Bzh car c'est un spot Ultime et intense. D'autres Reefs de BZH qui ne peuvent être révélés. Notre Wedge local a ridé avec les amis du team Zabad : Bourgnon, Pedro, Antho, Gwi, & co.
S.R. : Est-ce que tu as des deals avec certaines marques ?
D.F : PHENÜM me soutient depuis le début de l'aventure et je voudrais remercier particulièrement Ific pour tout ce qu'il réalise. C'est un ami, un artiste ET un super Dk rider, un gars incontournable. Merci à SOYROLL et Théo pour ces leashs et accessoires indestructibles. Merci à ZION Wetsuits et Ryan Mattick qui m'a envoyé une combi parfaite.
S.R. : Tu as accueilli les Australiens de Zion il y a quelques mois, racontes-nous ?
D.F. : J'ai fait la connaissance de Ryan MATTICK le boss de ZION Wetsuits via internet. C'est un rider magique avec un style fluide ET engagé. Il avait dans l'idée de venir avec son team (Jase FINLAY, Chris JAMES, Sam BENNETT, Thom ROBINSON, James CAYLEY, James KATES) découvrir les slabs européens pour leur film THE VIKING. J'ai donc connecté avec lui. Avec Pedro, Yves et Bechou on les as acceuillis à Roscoff (FINISTERE) et on a fait une excellente soirée arrosée à la Telenn dans un pub local. Des gars en or, souriant, accessible et humble.
S.R. : Tu penses quoi des chances des frenchies sur le Tour, tu penses qu'on pourrait avoir plus de représentants ?
D.F. : Je suis super heureux de voir autant de frenchies se bouger sur le tour mondial. Des riders comme Julien Miremont et Charly Chapelet sont des riders de classe mondiale et il mérite de faire partie du tour principal tout comme PLC et Amaury qui eux sont des riders désormais intouchables. On peut le voir via les derniers contests : Chili & co. Les Français sont motivés et sont parmi les meilleurs au monde. Merci à eux car ils nous font rêver lors des lives (contests) et grâce à leur freesurf.
S.R. : Sinon tu vois qui champion si ce n'est pas un français ?
D.F : Cette année, le tour est vraiment ouvert. Tamega vient de mettre la barre bien haut. J'aimerais que Ryan HARDY remporte le titre tout comme PLC et Amaury bien évidemment. Sinon Hubb est un rider tout le temps présent donc à suivre. Mais GT est sur un nuage et risque d'être dur à battre. Prochain contest à Puerto Escondido, ça va être superbe.
S.R. : Tu as des projets pour les prochains mois ?
D.F. : Je pars dans quelques jours en Argentine pour le travail et j'espère rider un peu là-bas. En Juillet, quelques sessions dans les landes certainement puis en Septembre un trip en Ecosse avec les potes ET mon gros trip de l'hiver sera la Western Australia en Octobre. J'enchaîne avec la côte Est pour rendre visite à Ryan Mattick ET ensuite un petit saut sur la Gold Coast, 3 semaines qui seront riches en sessions ET bons moments.
S.R. : Qu'est ce que tu penses du fait que Surf-Report.com ouvre une rubrique Bodyboard ?
D.F. : Ça me fait plaisir, il y a des années en arrière j'appelais le report par téléphone quasi chaque jour ET maintenant c'est un site que je visionne chaque jour et plusieurs fois par jour. Merci OSR pour le nombre de bonnes sessions que j'ai pu scorer.
S.R. : Un mot pour nos lecteurs et l'ouverture de cette rubrique à laquelle tu contribues aujourd'hui ?
D.F. : NJOY
S.R. : Quelque chose à ajouter ?
D.F. : Merci pour l'interview, OSR, ma femme Séverine pour son soutien, PHENÜM, une bonne session à tous mes potes ici en BZH, en France et autour du monde. Vous me manquez car on peut pas se voir tout le temps mais scorer à vos côtés me donne le sourire alors rider sans cesse & vivez vos rêves.
S.R. : En tout cas merci d'avoir répondu à nos questions, et de nous faire saliver avec tes pseudos sur les crêpes bretonnes et la mousse Irlandaise.
D.F : Merci John
Propos recueillis en Juin par John Le Normand
Crédits Photos : Yves Quere / Salerno / Bachal / Gshot / Legrand / Mat-Hemon / Flechet / Mick Merrien / Ronan Gladu.