Sur la scène du Big Wave Surfing, la Billabong Adventure Division occupe une place très importante. Le team emmené par François Liets sillonne l’Europe pour dénicher les plus beaux et les plus dangereux spots de surf de gros. Eric Rebiere, Benjamin Sanchis et Justine Dupont répondent tous présents pour ces sessions monstrueuses. Sancho et Eric Rebiere s’illustraient encore la semaine dernière à Nazaré dans des vagues de plus de 20 mètres.
En exclusivité pour Surf-Report, François Liets nous fait rentrer dans les coulisses de cette division qui n’a pas froid aux yeux.
Salut François ! La peur dans le big wave surfing, c’est inévitable non ?
Bien sur, et heureusement ! Sancho et Justine ressentent de la peur comme tout le monde. D’un point de vue personnel c’est à Nazaré que j’ai eu ma plus grosse frayeur. C’était le dernier endroit où j’avais envie d’être, je n’ai vraiment pas aimé. Prendre une vague énorme dans la figure c’est déjà pas super, mais qu’elle te jette sur la falaise droit devant…C’est un spot cauchemardesque. Mais Sancho et Shane Dorian étaient contents d’aller à l’eau, eux.
Vous vous êtes déjà retrouvés dans des situations très risquées ?
Oh oui plusieurs fois. Je me souviens d’une fois en Irlande où on avait trouvé la plus belle vague que je n’ai jamais vue de ma vie, et qui d’ailleurs n’a jamais remarché depuis. C’était une droite qui tubait sur 1km et qui faisait 18-20 pieds (5-6 mètres). On était arrivés de nuit,on avait tracé jusqu’au port et on s’était mis à l’eau très tôt le matin. Sancho a mangé dans les rochers et je me suis dit qu’il fallait que j’aille le chercher mais en fait je n’avais pas vu qu’il y avait une barrière de rochers. Quand je l’ai enfin aperçu il y avait une grosse vague derrière moi et je n’ai pas eu le choix c’était ou la grosse vague ou les rochers… Donc j’ai accéléré et j’ai sauté dans les rochers. Là j’ai eu vraiment peur. Heureusement la vague d’après m’a fait passer dans le lagon. Il n’y a que très peu d’images de cette session, le cameraman et le photographe étaient eux aussi tombés du jet, leur matos avec.
Dans des moments comme ça tu dois ressentir le poids des responsabilités non ?
Je ne dirai pas le contraire. Sur le spot de Cave au Portugal j’ai refusé d’amener les mecs sur la vague. Je leur ai dit de ramer s’ils voulaient y aller. A Cave, la moindre erreur et tu finis la tête sur le reef. C’est un spot hyper dangereux. Evidemment quand on voit Kelly surfer là-bas dans des conditions parfaites on ne s’en doute pas mais… C’est Kelly, et toutes les conditions sont réunies à ce moment-là pour lui.
Comment choisis-tu les spots sur lesquels vous partez ?
On regarde beaucoup la météo. En général on préfère aller en Irlande, c’est là qu'on trouve les plus grosses vagues d’Europe. Et côté température on est bien équipés. J’ai fait faire des 7mm avec laquelle tu te sens comme dans un jacuzzi. Ce qui est très difficile en Irlande c’est d’avoir le bon vent. De la houle il y en a tout le temps mais le vent c’est super compliqué et 95% du temps c’est onshore.
La décision de partir se fait dans l’urgence, vous arrivez quand même à vous organiser ?
Oui, parce qu’on a des contacts partout. Sans mes amis en Irlande on ne pourrait rien faire ne serait-ce que pour les jet skis. C’est un boulot d’équipe. C’est ça qui est marrant, le surf c’est quelque chose de complètement individuel et au final tu te retrouves dans un sport collectif. Ça demande de la motivation et de la préparation pour chacun. Il faut par exemple que le photographe ou le caméraman soit préparé à aller dans des eaux froides, avec la possibilité de se manger une vague. Comme ça s’est passé il y a deux-trois ans avec Bastien Bonnarme qui s’est fait démonter et a perdu son caisson. Comme on ne le connaissait pas trop à l’époque on lui avait mis une grosse pression…
Tu as un peu le job de rêve !
C’est beaucoup de boulot il ne faut pas croire. Mais quand tu fais quelque chose qui te passionne tu es prêt à tout donner pour ça, même si c’est 20 h dans la journée. Quand on trace en Irlande on part d’ici à 6h du matin, on arrive là-bas à minuit -1h, on monte le matos dans la nuit et à 6h on est en combi, prêts à partir. C’est hyper intense !
Quel est ton spot préféré ?
Mullaghmore, le Teahupoo de l’Europe pour lequel tu n’as pas à faire 20 000 kms !
Merci à François Liets d'avoir répondu aux questions de Surf-Report.