Souvent critiqués, peu récompensés ou félicités, les 7 juges internationaux qui font et défont les carrières des surfeurs pros sur le WCT travaillent dans l’ombre. Qui se cache derrière les notes qui ravissent ou énervent spectateurs et compétiteurs ? Rencontre avec le seul juge français du Tour, Yannick Sarran.
OSR - Bonjour Yannick, qu’est-ce-qui pousse à vouloir devenir juge ?
Yannick Sarran - On devient juge car on surfe, on aime ça et quand on commence c'est souvent juste pour aider sur les compétitions locales car on ne pense pas vraiment à devenir professionnel au départ. Il y a peu de places et les postes de juge pro sont très convoités.
OSR - A quoi ressemble une journée de travail pour toi ?
Yannick Sarran - Les journées peuvent être très différentes. sur les WQS c'est souvent se lever à 6h30, juger toute la journée et rentrer très fatigué le soir. Sur les CT c'est différent car nous avons pas mal de temps libre avec les waiting period. On a pas mal de jours off où on peut aller surfer, visiter, faire du tourisme. On a aussi des journées à attendre avec des appels réguliers pour voir les conditions et où on reste sur site sans pouvoir faire grand-chose.
OSR - Que pourrais-tu dire au grand public pour qu’il comprenne le métier de juge ?
Yannick Sarran - Notre job c'est regarder, analyser la performance des surfeurs et surtout les comparer, ce qui veut dire se rappeler de toutes les vagues de la série.
OSR - Es-tu en contact régulier avec les surfeurs que tu notes ? Viennent-ils te voir après une journée de compétition ?
Yannick Sarran - On ne doit pas avoir de contact avec les surfeurs pendant les compétitions, c'est la règle. Seul le chef juge a le droit de discuter avec les surfeurs. Après bien sûr il arrive de parler avec des surfeurs spécialement avec les français et européens dans mon cas.
OSR - Comment vit-on avec la pression du rôle de juge et comment supporte-t-on les critiques ?
Yannick Sarran - Nous faisons notre travail il n'y a pas de pression particulière, on sait ce qu'on fait. Personnellement je ne me mets aucune pression, je fais le même travail sur un grom search ou sur un CT. Les critiques, ça dépend vraiment d'où ça vient, on écoute les surfeurs car nous sommes là aussi pour eux, mais les critiques des médias et sur réseaux sociaux, je n'y accorde aucune importance. Tant que les surfeurs sont contents de notre travail, ça me va.
OSR - Peux-tu nous décrire l’ambiance dans la cabine lorsque vous êtes devant un contest ?
Yannick Sarran - L'ambiance est en général très bonne. On se connait entre juges, on voyage ensemble et on s'entend plutôt bien. Par contre il y a beaucoup de concentration.
OSR - Qui sont les autres juges à tes côtés ?
Yannick Sarran - Sur les CT l’australien Richie Porta est le chef juge. Il y a également Pritamo Arhent (Australie), David Shipley (Hawaii), Luiz Pereira (Bresil) et Dylan Feindt (USA). D'autres entrent dans le panel selon la région où on est.
OSR - T’arrives-t-il de regretter certaines notes ?
Yannick Sarran - Non, il m'arrive de ne pas être d'accord avec un résultat mais dans ce cas je le montre avec mes scores. Nous avons de bons outils pour revoir les vagues sur le CT donc quand je mets un score je le pense et je l'assume.
OSR - Un dernier mot ?
Yannick Sarran - Merci à tous ceux qui m’ont aidé à arriver où je suis.
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