Suite au lancement de notre partenariat avec Surfrider Foundation Europe sur la qualité de l’eau en Méditerranée et en Bretagne, retrouvez l’interview de Marc Valmassoni, chargé de mission littoral Méditerranée.
Surfrider Foundation Europe est une association à but non lucratif de la loi 1901, ayant « pour but la défense, la sauvegarde, la mise en valeur et la gestion durable de l'océan, du littoral, des vagues et de la population qui en jouit ». Créée en 1990 en Europe à Biarritz à l'initiative de surfeurs, dont Tom Curren, triple champion du monde, elle rassemble aujourd'hui un réseau de 1 500 bénévoles, de 10 000 adhérents, d’une quarantaine d’antennes locales, et plus de 100 000 sympathisants en Europe.
Océan Surf Report : Bonjour Marc, merci de prendre quelques minutes pour répondre à nos questions, peux-tu te présenter pour les personnes qui ne te connaissent pas ?
Marc Valmassoni : Depuis maintenant 5 ans, je suis en charge des problématiques environnementales de Surfrider Foundation Europe sur la façade méditerranéenne. Je suis également responsable de l’axe « qualité de l’eau et santé des usagers » au sein de l’association et milite pour une reconquête durable de la qualité des eaux côtières !
OSR : Quelles sont les missions principales de Surfrider Foundation Europe ?
Marc Valmassoni : Surfrider Foundation Europe est une association de protection et de mise en valeur durable des mers, océans, vagues, des littoraux et des usagers qui jouissent de ces espaces. Nous travaillons sur 5 axes environnementaux majeurs : la problématique des déchets aquatiques, l’artificialisation du littoral, le transport et les infrastructures maritimes, le patrimoine et vagues ainsi que celui qui nous intéresse tout particulièrement dans ce cadre, la qualité de l’eau et la santé des usagers. Ainsi, pour répondre à l’ensemble de ces thématiques environnementales, nous avons développé ce que nous appelons des « leviers » d’actions comme la mise en place de laboratoires d’analyses complémentaires sur le territoire.
OSR : Peux-tu nous expliquer la différence entre les micros et les macros déchets ?
Marc Valmassoni : Un déchet, qu’il soit « micro » ou « macro », peut être de nature diverse et sera considéré comme déchet aquatique dès lors qu’il sera présent dans l’environnement côtier ou marin (cannette, bouteille, verre, sachet plastique, etc.). La notion de « micro » et de « macro » déchet est une référence à la taille de ce dernier. Inférieur à 5 mm, nous considèrerons qu’il s’agit d’un « micro-déchet ».
OSR : Quels sont les moyens mis en place pour réduire la pollution ?
Marc Valmassoni : Afin de réduire la pollution, des réglementations, des lois et des arrêtés existent à l’échelle européenne et nationale. Il faut veiller à ce qu’elles soient appliquées et être force de proposition lors, notamment, des révisions. En considérant la qualité des eaux côtières, Surfrider Foundation Europe milite auprès de la Commission européenne mais également auprès des instances locales afin que les zones d’activités nautiques soient intégrées au réseau de surveillance dans le but, notamment, d’informer les pratiquants sur la qualité de l’eau dans laquelle ils évoluent.
Surfrider Foundation Europe développe également une multitude d’outils pédagogiques, et d’expositions afin de sensibiliser et d’éduquer tout un chacun aux problématiques des pollutions littorales afin de faire évoluer les comportements.
OSR : Comment peut-on protéger notre littoral ?
Marc Valmassoni : C’est une question à réponses multiples… On protège notre littoral tout d’abord en polluant moins ! Cela passe par la prise de conscience individuel que nous sommes tous acteurs et que chacun doit veiller à limiter son impact sur l’environnement en général. Que ce soit par son mode de consommation (problématique des déchets aquatiques, produits d’entretien, etc.) ou ses habitudes en termes de transport, tout le monde peut agir. En France, nous avons également quelques lois qui visent à réglementer l’aménagement du littoral en maîtrisant les projets d’urbanisation à tout va… (Loi Littoral).
OSR : Trouves-tu que les mentalités ont changé ?
Marc Valmassoni : Sur la question de l’évolution des mentalités, il est clair que depuis quelques années la prise de conscience des enjeux environnementaux est inscrite dans le discours des instances politiques mais il faut agir concrètement ; la prise de conscience fût nécessaire mais maintenant il faut que « ça change » véritablement ! Par le biais des ateliers de sensibilisation ou d’animation, je constate également une implication et une « sensibilité » du jeune public aux thématiques environnementales comme le tri des déchets par exemple.
OSR : Penses-tu que les riders professionnels peuvent véhiculer le bon message ?
Marc Valmassoni : Comme tous pratiquants, les riders professionnels évoluent tous dans un milieu qu’ils souhaitent en bonne santé. En tant que personnalités reconnues, il est important que l’image qu’ils véhiculent soit exemplaire. Au sein de l’association, nos parrains ou ambassadeurs contribuent, par le biais de manifestations, de spots publicitaires, ou d’interventions à faire prendre conscience au grand public de l’importance de protéger notre environnement littoral.
OSR : Peux-tu nous présenter la mission « qualité de l’eau et santé » ?
Marc Valmassoni : L’axe de travail « Qualité de l’eau et Santé » répond à une attente de la part des usagers de pouvoir être informés de la qualité de l’eau des spots où ils évoluent toute l’année. Surfrider Foundation Europe a développé plusieurs laboratoires d’analyses indépendants et complémentaires aux réseaux existants (Agence Régionale de Santé, communes, etc.) afin de mieux connaître les problèmes de pollutions littorales. Les objectifs sont de suivre toute l’année la qualité bactériologique de l’eau des zones d’activités nautiques, d’informer le grand public, les adhérents, les pratiquants et les acteurs locaux sur la qualité des eaux des spots suivis, de mettre en évidence les problèmes de contamination et d’agir pour améliorer la qualité des eaux concernées, initier une concertation entre acteurs dans le but de résoudre les problèmes de pollution côtière.
OSR : Qu’est ce qui provoque une forte concentration d’e-coli ou entérocoques ?
Marc Valmassoni : La dégradation de la qualité des eaux côtières est très souvent liée aux épisodes de fortes précipitations. Ainsi les principales sources de pollution seront :
- des problèmes d’assainissement des eaux usées, des mauvais raccordements aux réseaux d’assainissement, les rejets des stations d’épuration, les déversoirs d’orages, et des postes de refoulement. Lors des fortes précipitations, les réseaux et les stations d’épuration ne peuvent pas être en mesure de traiter l’intégralité des eaux, ces situations entrainant des déversements d’eau non traitées dans le milieu naturel ;
- le lessivage des rues et le ruissellement des sols contaminés par les déjections animales ;
- le lessivage des parcelles d’élevage polluées par les bactéries fécales.
OSR : Quels sont les effets néfastes sur l’humain ?
Marc Valmassoni : Le contact avec des germes pathogènes peut entrainer des maladies de la sphère oto-rhino-laryngée ou de l’appareil digestif (gastro-entérites, irritations des yeux, éruptions cutanées, démangeaisons, etc.) Dans l’eau les germes pathogènes sont assez difficiles à détecter ; on recherche donc les germes témoins de contamination fécale (Escherichia coli et entérocoques). Une eau de baignade, dans laquelle ces normes sont respectées, présente peu de risque pour la santé du baigneur. Il est difficile d’identifier précisément le risque encouru par une personne qui se baigne dans une eau dite de « mauvaise qualité ». Ce risque dépend de l’état de santé et de l’âge du baigneur ou du pratiquant d’activités nautiques ; certaines personnes étant moins vulnérables que d’autres.
OSR : Tu es chargé de mission littoral en Méditerranée, peux-tu nous parler de la qualité de l’eau là-bas ?
Marc Valmassoni : Nous suivons la qualité des eaux côtières sur la façade méditerranéenne depuis maintenant 6 ans. Aujourd’hui nous surveillons l’aspect sanitaire d’une quinzaine de sites ce qui nous permet à la fin de chaque année d’établir un classement de ces derniers en fonction de critères définis dans la directive en vigueur (2006/7/CE). Sur certains spots, la qualité des eaux s’est nettement améliorée alors que sur d’autres, la qualité reste médiocre. Un travail de concertation avec les acteurs locaux permet de voir des améliorations notables sur certains secteurs en phase d’être réhabilités. Plus de 90% du temps, les fortes précipitations sont responsables de la contamination des masses d’eau côtières (lessivage de la chaussée, du bassin versant, non traitement de la totalité des eaux usées, etc.)
OSR : Quels sont les futurs projets de Surfrider Foundation Europe ?
Marc Valmassoni : Nous nous intéressons depuis plus de 10 ans maintenant à la qualité bactériologique des eaux littorales. Dans les années à venir nous allons de plus en plus nous intéresser aux pollutions et substances chimiques présentes dans l’environnement. Nous avons commencé avec la recherche des hydrocarbures et poursuivrons nos travaux avec la recherche d’autres paramètres comme les substances médicamenteuses, les métaux lourds, les pesticides ou les engrais. De nombreuses études prouvent qu’il y a un impact avéré sur la faune et la flore soumises à certaines substances chimiques mais qu’en est-il sur le risque sanitaire humain ?
OSR : Surfes-tu sur le net et que penses-tu de Océan Surf Report ?
Marc Valmassoni : Bien évidemment, comme tout bon pratiquant, je me rends régulièrement sur le net avant toute session ! Le site Océan Surf Report est pour moi un bon outil ; les cartes de prévisions sont intuitives, le site facile à « manipuler » et je vous avoue que l’aspect « webcam » est plus qu’agréable. Il en va sans dire que communiquer sur la qualité des eaux des spots est véritablement une plus-value et sera très certainement un succès ! On en reparle très bientôt ?
Merci à Marc d’avoir bien voulu répondre à nos questions.
Retrouvez la qualité des eaux en Bretagne des spots de Douarnenez et de La Palue, la qualité des eaux en Méditerranée pour les spots de Brutal Beach, Cannes, La Couronne, Saint Laurent du Var, Le Prado, Nice et Sausset.
En photos les watermen testeurs, bénévoles, parrains de l'association et Marc Valmassoni.