Matos - De l'importance des surf shops

"C'est sûr qu'on va plutôt privilégier les shops de proximité, ceux avec lesquels on a grandi."

- @oceansurfreport -

À ceux qui ont essayé leur première combinaison. À ceux qui ont acheté leur première planche. À ceux qui ont passé des heures devant cet écran qui diffusait des films de surf tout au long de la journée. À ceux qui ont claqué tout leur argent de poche, pourboire et salaire dans du matériel. À ceux qui, enfants, n'ont jamais osé demander des stickers au vendeur. À ceux qui y laissaient leurs clés de voiture avant d'aller à l'eau. À ceux qui venaient seulement pour lire les magazines. À ceux qui sont tombés amoureux du surf en franchissant les portes d'entrée. Ce message vous est adressé, les surf shops ont besoin de vous.

Manque de visibilité

Comme la plupart des commerces en France, les temps sont durs pour ces enseignes où règne la passion. Plusieurs d'entre elles connaissaient déjà des difficultés avant la crise du coronavirus, elles se retrouvent désormais la tête sous l'eau. "On avait le moral dans les chaussettes", raconte Xabi, gérant d'un shop à Anglet depuis plus de 28 ans. "Maintenant, le manque de visibilité est un frein énorme."

Si la reprise de la pratique du surf a eu lieu la semaine dernière sur la quasi-totalité des spots de l'Hexagone, les 55 jours de confinement ont eu un lourd impact sur l'activité économique, et les surf shops n'ont pas été épargnés. Depuis l'ouverture de tous les commerces depuis le 11 mai, l'heure est à la relance. Mais avec des restrictions et des énigmes. "Tous les choix sont risqués, notamment en termes d'approvisionnement et de gestion des stocks, et c'est notre survie qui en dépend", relève Xabi.

Circuit court

Les effets positifs du confinement et des mesures de restriction générale se comptent sur les doigts d'une main. Elles ont tout de même eu le mérite d'encourager l'économie de proximité et de provoquer une prise de conscience de l'importance des commerces locaux. "L'identité locale ressort et ça fait chaud au cœur. Sur notre site, les commandes en ligne étaient plutôt nombreuses et souvent accompagnées de messages de soutien", explique Xabi.

En effet le circuit court, mode de distribution de produits dont l'objectif est de réduire les distances entre les partenaires concernés, a eu le vent en poupe durant le confinement. Un enjeu local qui pourrait dépasser les frontières de l'alimentaire à l'heure de la réouverture des commerces. "C'est sûr qu'on va plutôt privilégier les shops de proximité, ceux avec lesquels on a grandi", avoue Pierre, surfeur de Loire-Atlantique, qui insiste sur l'importance de la passion et des relations humaines.

Semblant d'été

Malgré tout, c'est la haute-saison et le tourisme qui permettent aux surf shops de vivre à l'année. Jeudi dernier dans une allocution, le Premier Ministre Edouard Philippe a donné le feu vert concernant les vacances estivales. Ainsi, malgré l'épidémie, les Français pourront bien partir en vacances aux mois de juillet/août, en tout cas sur le territoire national. Mais à ce jour, de nombreuses incertitudes demeurent, notamment au sujet des restrictions géographiques et de l'évolution de la pandémie au cours de ces prochains mois.

Avec l'absence totale de visibilité sur la saison estivale, difficile pour les shops d'appréhender la situation et de voir à long terme. "Devant nous, c'est un gros point d'interrogation, mais on fera avec", explique Jean-Louis, l'un des deux gérants d'un shop de Lacanau. "Ce qui va jouer ici, c'est également la réouverture des bars et des restaurants." En attendant, les commerçants doivent composer avec leur clientèle de proximité, astreinte à des déplacements limités à un rayon de 100 km autour du domicile. La solidarité locale sera-t-elle au rendez-vous ?

  
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