L'engouement suscité par la pratique du foil continue de croître et les manières de l'approcher aussi. L'hiver dernier en compagnie de Martin Letourneur, le Breton Bruno Sroka et son entreprise du même nom qui conçoit, développe, teste et commercialise des Stands Up Paddle, hydrofoils et kitesurfs, s'est lancé dans un nouveau défi.
Avec l'élaboration du SUP Foil Sky Rider, l'entité bretonne a souhaité permettre aux pratiquants de débuter le Downwind SUP Foil dans les meilleures conditions mais également d'utiliser la même planche pour cinq disciplines : SUP Foil, Wing Foil, Paddle Surf, Windfoil et Wake Foil. Le pratique du downwind, qui désigne la réalisation d'un parcours nautique allant d'un point A à un point B dans le sens du vent (vent de dos/vent portant = downwind), a donc été rendu possible pour les Bretons. Martin Letourneur, surfeur malouin "touche-à-tout" et doué dans la plupart des disciplines de glisse, a ainsi pu appréhender ce nouveau support.
Il explique en détaille les points clés pour débuter :
Les conditions
ll est conseillé de débuter dans des conditions clémentes et de choisir un parcours abordable dans la direction du vent et de la houle.
Les règles de sécurité
Le Downwind Sup Foil est une activité à risque, il est nécessaire pour cela de prendre des précautions. Côté matos, il faut s'équiper des éléments suivants : leash, gilet de flottaison, lampe flash, casque, bout de remorquage, VHF ou téléphone étanche. Sroka conseille également d'avoir repéré et étudié son parcours avant de se jeter à l'eau, et de garder une proximité avec le rivage.
Martin Letourneur.
©Sroka
Le décollage
C'est la partie la plus technique et elle se décline en trois étapes : la prise de vitesse, le décollage et la stabilisation. La première des trois consistera à donner suffisamment de vitesse à votre planche pour activer la portance. Le secret du décollage tient dans la faculté à lire et à observer le plan d'eau pour se positionner correctement. Lorsque la vitesse est suffisante, il suffit d'alléger le poids exercé en jouant sur l'angle de l'aile du Foil. Un travail de coordination du haut du corps avec la planche appelé "le pumping". Après avoir acquis de la vitesse, il suffira de se stabiliser, en ajustant la balance de son poids, le positionnement des pieds sur la planche et en empruntant la trajectoire nécessaire.
La lecture du plan d'eau
La faculté à profiter de la portance des creux formés par le vent et la houle réside dans la capacité à lire le plan d'eau, en sollicitant l'énergie situé sur la crête des creux. Il s'agira ici de faire appel à son sens marin afin d'anticiper la trajectoire des creux et de dépasser les bumps pour garder de la vitesse.
Quel matériel choisir ?
L'hydrofoil est composé d'un mât, d'un fuselage, d'un stabilisateur et d'une aile avant, et c'est cette dernière qui assure la portance générale du foil. Plus la surface de l'aile est grande, plus sa portance est forte. Il s'agira là de trouver le juste milieu, car une aile trop grande diminue la vitesse et la maniabilité.
La planche devra être suffisamment stable selon le gabarit et le niveau. Plus elle est longue, mieux elle partira dans les creux et décollera rapidement, mais elle réduira la portance et la maniabilité. Sroka a développé le modèle polyvalent Sup Foil Sky Rider pour permettre aux pratiquants de débuter le Downwind SUP Foil dans les meilleures conditions.
INTERVIEW - MARTIN LETOURNEUR : "C'EST PLUS UN SPORT QUI RELÈVE DE L'ABNÉGATION QUE DU TALENT"
Martin Letourneur.
©Sroka
Surf Report : Quand et comment en es-tu venu au Downwind Sup Foil ?
Martin Letourneur : Je pratiquais déjà le downwind en SUP race depuis quelque temps, en compétition comme en free-ride. Ensuite je me suis mis au foil il y a deux ans, le downwind c'est donc une sorte d'évolution logique. Je n'avais pas le matériel jusqu'à ce qu'avec Sroka, on développe des ailes plus larges pour permettre de bien voler sur les parcours. Je m'y suis donc collé l'hiver dernier.
Tu as donc participé à l'élaboration du modèle ?
Oui, celle du S-foil qui se veut ultra-polyvalent entre le surf, le downwind, le windfoil... Bruno (Sroka) et moi, on se complète, lui est calé au niveau de la technique en kite et en windsurf, tandis que moi je maîtrise davantage les univers du paddle et du surf. On a fait différent tests et ainsi pu mettre ça au point l'hiver dernier.
Tes premiers pas ont-ils été faciles à réaliser avec ton passif ?
Oui et non. En fait j'ai eu l'impression de débuter à nouveau le downwind, comme à mes débuts en SUP Race. C'était fatiguant alors qu'en SUP Race, une fois que tu maîtrises, c'est de la détente et ça ne demande pas d'efforts. Après en foil, une fois que tu commences à maîtriser les phases de décollage, d'accélération et de changements de trajectoire, t'as pigé le truc.
Ce sont les points sur lesquels il faut se focaliser pour évoluer ?
Finalement, le principe du downwind, que ce soit en race ou en foil, c'est d'être fainéant et de se reposer le plus possible pendant le parcours pour pouvoir accélérer quand il faut. Plus t'arrives à te reposer, plus t'es à l'aise et plus tu vas vite en général.
L'observation et la compréhension sont deux aspects élémentaires...
C'est une question de lecteur du plan d'eau mais en action, il faut s'habituer à lire les mouvements d'eau et appréhender la direction du vent, de la houle. Il faut se caler sur les terrains qu'on te propose, et comme les navigateurs en voile, développer un certain sens marin.
Quelles sensations cela procure ?
Des sensations similaires au foil, c'est-à-dire celles celle de voler qui est quelque chose d'assez inexplicable et incomparable à d'autres disciplines. Il n'y a pas de frottements, donc c'est relativement pur comme glisse. Ce qui est intéressant avec le downwind, ce sont les phases d'accélération. Tu vois les creux se former, tu essayes d'aller vers leur direction, puis tu sens une certaine portance. Ça c'est grisant.
La pratique s'adresse-t-elle à tout type de publics ?
Dès qu'on a une base "waterman", ça aide. Mais selon moi, c'est vraiment accessible, il faut peut-être mieux commencer d'abord en foil avec un bateau pour se sentir à l'aise, essayer de continuer sur les trains de houle et appréhender ces sensations. Une fois qu'on se lance, il faut choisir les bonnes conditions et le bon matos. Il n'y a pas de "frontière" pour s'y mettre même si ça aide d'avoir touché un peu à tout auparavant (surf, SUP, paddle...). Évidemment, on ne débute pas le foil comme on débute le surf, mais ça reste un support comme un autre. Tu essayes, tu regardes les autres réussir, tu te dis que c'est pas possible que ça ne marche pas pour toi, puis ça vient !
Quels conseils donnerais-tu à quelqu'un qui veut s'y mettre ?
Pour moi, c'est plus un sport qui relève que l'abnégation que du talent. Certains mecs qui n'ont pas un gros niveau en surf y arrivent car ils s'y sont intéressés, puis ont cherché à comprendre les mécanismes et parvenu mettre le doigt sur leurs erreurs. L'important, c'est la volonté, de croire en soi. Mettre tout en oeuvre pour y arriver avec les bonnes conditions. Et une règle importante : l'aspect sécuritaire. Il faut toujours respecter les autres pratiquants et aller à l'eau dans des conditions où les gens se sentent à l'aise. Sinon c'est la que ça devient dangereux, pour soi comme pour les autres.
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