Depuis le début de l'année, sur les côtes réunionnaises, les squales sont à l'origine de quatre attaques, dont deux mortelles. Et les chiffres entre 1980 et 2010 sont encore plus effrayants : 32 attaques de requins ont été enregistrées, dont 14 mortelles.
La dernière en date, comme vous le savez, est celle à l'origine du décès tragique de Mathieu Schiller, 32 ans, le 19 septembre à Saint-Gilles. Celle-ci avait suscité une vive émotion sur toute l'île et dans le monde du surf et du bodyboard, ainsi qu'un début de polémique sur l'absence de mesures de sécurisation.
Face à cela, le préfet de La Réunion, Michel Lalande, a annoncé ce lundi l'élimination d'une dizaine de squales appartenant aux espèces les plus dangereuses. Il a précisé que ces éliminations s'intégraient dans une vaste stratégie de réduction du risque requins "équilibrée et concertée". "Le risque requin est un risque endémique à la Réunion et touche tous les pays baignés de mer chaude", a-t-il rappelé. Jugeant "exceptionnelle et difficilement explicable" la concentration d'attaques de requins à Saint-Gilles, la zone la plus touristique de l'île, le préfet a annoncé la mise en place d'une stratégie de réduction de risques à court et long terme.
La mesure la plus spectaculaire consistera en une "opération ciblée" d'élimination de requins bouledogue et tigre, jugés responsables de la majorité des attaques enregistrées dans l'île. Ces deux espèces ne sont pas protégées par la réglementation française mais considérées comme "quasi-menacées" dans le classement de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Au total dix spécimens seront capturés par deux pêcheurs professionnels sur trois jours pendant lesquels les activités nautiques et de baignade seront interdites. "Il s'agit des requins qui se seraient sédentarisés. Il faut créer un trouble dans cette population", a déclaré le préfet.
L'opération de capture sera complétée par des moyens de prévention sur la commune de Saint-Paul, dont dépend la plage de Saint-Gilles. Trois mesures de long terme, dont le lancement de deux études scientifiques, ont également été annoncées. Le préfet a toutefois rappelé qu'"il n'y a pas et qu'il n'y aura jamais de risque zéro" soulignant que les "activités de pleine mer présentent un risque réel et sérieux que chacun doit assumer, quelles que soient les mesures prises". Le week-end prochain, lors d'une compétition de surf, la ligue locale a prévu la présence de scaphandriers, de bateaux, de jet-skis ainsi que des plongeurs pour signaler toute présence de requins.
Lors d'une Commission Permanente de la Région, qui s'est tenue hier après-midi, les autorités ont également validé des mesures pour la protection des personnes face à la menace des attaques de requins.
La Commission a confirmé le financement de Shark Shields collectifs pour un montant de 25 000 euros, versés à la Ligue Réunionnaise de Surf. Deux sites seront équipés de trente appareils qui seront installés sur des bouées reliées par un cordage et placées tous les 14 mètres. Ces appareils déjà utilisés dans certains pays comme l'Afrique du Sud émettent des fréquences électromagnétiques repoussant les requins dans un rayon de 7 mètres. Ce dispositif a pour objectif de délimiter une zone sécurisée pour la pratique des activités sportives et des loisirs nautiques. La gestion de ce dispositif dont les batteries ont une autonomie de 5 heures nécessitera par ailleurs des rotations pour le remplacement dans la journée des appareils déchargés. Au-delà de cette solution d'urgence financée par la collectivité régionale, la Commission Permanente a insisté sur une nécessaire collaboration avec l'Etat et les communes concernées pour garantir la sécurité des personnes.
Alors que l'heure est toujours au recueillement et aux hommages à Mathieu sur l'île de la Réunion, les autorités espèrent ramener rapidement le calme et la tranquillité sur le territoire grâce aux importantes dispositions prises cette semaine.