Surf - "Comment j'en suis venu à surfer les Grands Lacs d'Amérique du Nord"

Par Aurélien Bouché-Pillon.

- @oceansurfreport -

Il y a une dizaine d'années, Aurélien Bouché-Pillon s'expatriait aux Etats-Unis. Pour assouvir sa passion du surf, qu'il a découverte à Biarritz lors de son enfance, une seule solution : parcourir les Grands Lacs. Il raconte.

"L'année est désormais terminée, le temps passe tellement vite lorsqu'on passe son temps sur une planche et dans les vagues. On ne peut pas interrompre le déferlement des vagues, mais on peut apprendre à surfer ! Et ces 12 derniers mois passés sur les Grands Lacs d'Amérique du Nord ont connu leur lot d'aventures. 

Au cours de mon enfance, en sillonnant les allées d'une librairie, je suis tombé sur un numéro du magazine Surf Session. Et la couverture, mettant en scène un homme dressé dans un tube, ne m'a jamais vraiment quittée. À l'époque, j'habitais Lyon, loin de l'océan. Puis j'ai déménagé en Provence, où j'ai découvert quelques spots de la mer Méditerranée. À l'âge de 26 ans, sur un coup de tête et un coup de foudre, j'ai quitté le territoire français pour rejoindre la côte Est des États-Unis et je me suis retrouvé du jour au lendemain à habiter au cœur de la ville de Rochester au bord du lac Ontario.

Si Biarritz me manque tous les jours, la grandeur des espaces et l'appel du Grand froid me passionne, me poussant constamment à chercher plus loin. Auparavant, jamais je n'aurai pu m'imaginer surfer un lac d'eau douce dans des températures si froides et des conditions si extrêmes. Mais voilà désormais 14 ans que je sillonne le lac Ontario depuis la ville de Rochester, elle-même située dans le comté de Monroe au cœur l'État de New York. En 2019, j'ai pris les devants et décidé de surfer quatre des cinq Grands Lacs, ainsi que la baie Géorgienne. Sur ma liste, il ne me manque plus que le Lac Supérieur. Surfer les Grands Lacs, des étendues d'eau douce qui représentent une superficie totale de 244 106 km² et possèdent 22% des eaux les plus fraîches du Monde, est une aventure permanente. Une zone de confort dont on s'éloigne et une ouverture d'esprit qui amène à se plonger dans des activités hors normes. C'est si beau et si difficile à la fois !

Les particularités liées à la pratique sont nombreuses. Les ondes qui atteignent le rivage sont des vagues de vent, très changeantes et intimement liées à des tempêtes. Il faut connaître les côtes et les vents de manière très détaillée, et consacrer beaucoup de temps et d'énergie à chercher les vagues. J'ai passé des dizaines et des dizaines d'heures sur la route à explorer le littoral par certains vents, afin de voir comment les spots réagissent. Quand les conditions sont les plus difficiles, les routes sont dangereuses. Absence de visibilité, verglas, neige... Parfois, cela me fait plus peur que les sessions elles-mêmes. Et les morceaux flottants de glace qui peuplent le line-up peuvent vite devenir un danger.

Néanmoins, tous ces éléments rassemblés font de chaque moment passé à l'eau une véritable aventure."

>> Photo à la une : Ben Eggers

                    
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