Voyages - On part où ? Destination la Côte d'Ivoire

On découvre les breaks ivoiriens avec Souleymane Sidibé, rideur local.

- @oceansurfreport -
© Makke Abbas

Avec la rubrique Surf-Report Voyage, retrouvez tous les mois un article dédié au voyage et à la culture du trip ! 

L'été se profile enfin, laissant apercevoir la chaleur des line-ups mais surtout de potentiels congés attendus depuis bien trop longtemps. Alors pour préparer votre prochain surf trip, on a concilié les deux, pour des vacances sous le soleil ivoirien. Cette fois-ci on part donc en Côte d'Ivoire, s'intéresser aux breaks de la terre d'Eburnie.

Au Sud de l'Afrique de l'Ouest, sous le menton du continent, entouré par ses voisins anglophones demeure ce pays où l'on parle Dioula, mais aussi Français (vestige de la colonisation). Un pays aux mille paysages, où forêt dense et savane scindent le pays. C'est d'ailleurs cette forêt dense qui aurait donné ces noms et surnoms au pays, en signe d'abondance.

L'abondance tant qu'on en parle, ne se limite pas qu'aux espaces verts en Côte d'Ivoire. Si les forêts y sont luxuriantes, les littoraux n'ont pas à rougir pour autant. Après tout, la Côte d'Ivoire c'est une trentaine d'îles, 515 km de côte entre le Liberia et le Ghana et entre les deux des mangroves, des plages et des spots à perte de vue. L'avantage d'être situé en plein dans le golfe de Guinée, une véritable parabole à houle marine.

Pourtant, si sa réputation de station balnéaire n'est plus à faire, le surf dans le pays doit encore se faire une place. Même si le nombre de pratiquants augmente progressivement, le surf ne provoque pas encore l'attrait des surfeurs à l'international. Un attrait qui serait pourtant mérité, quand on voit la richesse des côtes ivoiriennes. C'est ce que nous confie Souleymane Sidibé, coach et 18 ans de free surf en Côte d'Ivoire à son actif. « On a une petite communauté de surfeurs locaux et des expatriés qui viennent de temps en temps, mais le surf n'est pas encore un sport assez connu ici. » Le co-fondateur de @surfcotedivoire, un organisme qui promeut le surf dans le pays, nous le confirme pourtant : il y a de quoi faire sur les plages du pays.

Informations clés :

    Monnaie : Franc CFA

-     Capitale : Yamoussoukro

-     Langue : Français / Dioula

-     Durée de vol (depuis Paris jusqu'à Abidjan) : 6h40 en moyenne

-     Documents obligatoires : Passeport, carnet de santé (avec vaccination contre la fièvre jaune) et visa

Les vagues de Côte d'Ivoire

515 kilomètres de côtes exposées au gré du vent et des houles, ça en fait, des potentiels spots de surf. Même si les configurations varient, on remarque un pattern de spots dans le pays. « On a principalement deux types de vagues ici, les beachbreak à l'Ouest et les pointbreak à l'Est » explique Souleymane. Chaque côté fonctionnant avec ses propres houles, ce qui permet de trouver sa session sur-mesure quand on connaît les spots de la zone. « La plupart du temps, les meilleurs swells pour les beachsbreaks sont les swells du Sud-est, tandis que pour les pointbreaks ça sera plus Sud-ouest. » Autant vous dire que la diversité de vagues, de spots et de types de sessions saura forcément satisfaire vos fantasmes de surfeurs.


Assinie et Grand Drewin

Pour se faire une idée des différents breaks locaux, on a pris ici parmi le meilleur du côté Est et du côté Ouest. Pour les beachbreaks, c'est Assinie qui est en tête de liste. C'est à l'Ouest d'Abidjan que déferle ce shorebreak connu des surfeurs du pays, sur des kilomètres de long. C'est d'ailleurs le spot favori de Souleymane. « Assinie, c'est mon home spot. C'est un beachbreak avec des vagues constantes toute l'année, le spot n'a pas besoin de gros swells pour marcher et il peut devenir une world class wave selon la direction de la houle et du vent. » 

Des pics multiples, des conditions constantes et des vagues pour tous les niveaux. C'est ce qu'affirme Souleymane « c'est un bon spot pour les débutants, le beachbreak permet aux débutants d'avoir des vagues facilement. Mais à Assinie, on y trouve des vagues pour tous les niveaux. Moundoukou par exemple, c'est un gros shorebreak pour les surfeurs confirmés. Il y a aussi un joli pointbreak pour les intermédiaires et les confirmés.»

Côté Ouest, un spot semble sortir du lot quand les houles de Sud viennent égayer les rivages. C'est Grand Derwin, « un pointbreak sur la côte Ouest qui est plutôt fréquenté et qui, à la différence d'Assinie, est une vague unique. » C'est ce que me raconte Bouda Touwendeda Gabin Louis, un vrai mordu de surf qui a grandi à Assinie. Également vice-président du club de surf « Glisse Surf Ivoire », le surfeur est sur place au moment où nous échangeons avec lui.

Le spot de Grand Drewin, c'est donc une très belle droite qui se forme à l'aide d'un imposant rocher en forme de tortue, qui aurait d'ailleurs donné son surnom au spot :« La baie des tortues ». « Pour la petite histoire, le gros rocher serait la maman des nombreuses jeunes tortues qui évoluent dans ces eaux aux côtés des surfeurs » raconte Gabin Louis. En plus de son cadre idyllique, le spot offre un ride long et agréable pour les débutants en dessous de 1m50, et peut monter à trois mètres et plus au mois d'octobre, pour donner plus de challenge aux confirmés.

Découvrir des spots sauvages

C'est là le nerf de la guerre, tout l'intérêt d'un surf trip en Côte d'Ivoire : fuir les pics surchargés de son chez-soi et arpenter les côtes ivoiriennes à la recherche de pics sauvages. Même les locaux sont partisans de cette approche du surf. Souleymane aurait même trouvé son bonheur lors d'un de ses trips. « Il y a des centaines de kilomètres de plages en Côte d'Ivoire donc il y a énormément de spots de surf qui n'ont jamais été découverts et surfés. En 2021, un ami et moi sommes partis en expédition, on a trouvé un super spot ! Evidemment je ne le mentionnerai pas (rires). »

Cette pluralité de vagues encore vierges, Gabin Louis en témoigne aussi. « À côté de Grand Drewin, à 9 km de la ville de Sassandra dans cette zone, il y a de nombreux spots moins accessibles mais tout aussi magnifiques ». À vous de voir si vous voulez donner des airs de bivouac à votre surf trip...

Quand surfer en Côte d'Ivoire

La saison de surf en Côte d'Ivoire s'étale d'octobre à mai/juin. « Durant l'été, c'est la saison des pluies. Le meilleur endroit pour surfer sera la côte ouest et ses beachbreaks » indique Souleymane. Pour un vent Nord-est offshore, il faudra privilégier la fin et le début de l'année, saison où l'harmattan gonfle les vagues et creuse les barrels.

L'eau est relativement chaude toute l'année et ne descend en moyenne jamais en dessous de 23 degrés. Mais il vaut mieux prévenir que guérir, alors on vous conseille de prendre une 3/2 dans la valise si vous comptez partir entre juillet et octobre, car un surfeur averti en vaut deux.

Le matos

Pour le matos, tout dépend de vos envies sur place. Si vous êtes indécis, on vous conseille de miser sur un plus grand boardbag, car on peut tout faire en Côte d'Ivoire. Pour vous aider à faire vos valises, Souleymane nous conseille : « Le mieux serait d'avoir un fish pour les petites vagues, une shortboard performante pour s'attaquer aux vagues puissantes des shorebreaks et un longboard pour les longues vagues des pointbreak. »

Tant d'approches différentes du surf sur place et si peu de place dans les bagages, c'en est presque frustrant. Mais pas d'inquiétude, il y a quelques écoles et magasins de surf dans la région. Vous pouvez toujours acheter ou louer une autre board sur place pour tester un autre style de surf, si cette frustration venait à se faire trop grande !

La vibe au line-up

C'est le cadet de vos soucis, en Côte d'Ivoire. On est bien loin de l'atmosphère frigorifique et des visages grommelants lors d'une session hivernale sur certains de nos pics français. Souleymane le confirme, ici « l'atmosphère est vraiment chill au pic, on ne se bat pas pour les vagues parce que la plage est grande, il y a des vagues partout ». Une ambiance préservée de la mauvaise humeur, grâce à une petite communauté de surfeurs qui évoluent sur les nombreux spots du pays.

Des dangers spécifiques à l'eau ?

Le pays ne comporte pas de menace spécifique sur ces spots de surf, si ce n'est la fréquentation de méduses fluctuant au gré des courants. Leur présence nécessite que vous soyez alerte lors de vos sessions car une rencontre avec l'une d'elle pourrait gâcher momentanément le plaisir du trip. Sinon, les dangers sont comme partout ailleurs avec le surf : des courants forts à certaines zones, des shorebreak pouvant être très violents et des rochers, plus à l'Ouest, pouvant laisser des traces.

Que faire les jours de flat ? 

Si les vagues viennent à manquer durant votre trip, ce n'est pas une fin en soi. C'est même l'occasion de découvrir les autres merveilles du pays. Parmi elles, Souleymane conseille le stand up paddle ou un trip en bateau dans la mangrove pour se plonger dans cet écosystème. Si vous êtes plutôt terrestre quand il ne s'agit pas de surf, les expéditions en forêt ou l'ascension des montagnes à Man, au centre du pays pourront vous permettre de découvrir une magnifique biodiversité.

L'ambassade française déconseille néanmoins de s'approcher des frontières Nord avec le Mali et le Burkina Faso, de la zone Nord du district de Zanzan ainsi que l'Est du district des Savanes.

Dans le domaine gustatif, le passage par les Allocos, des bananes plantains frits, est obligatoire lors de vacances en Côte d'Ivoire. Sinon, Souleymane propose d'essayer le Garba, une sorte de couscous cassava et du poisson frit.

Mais le mieux, on ne le répétera jamais assez, c'est de découvrir le pays par vous-même afin de faire de votre trip, un trip unique.

  
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