En début de mois nous découvrions BACÁN, l'edit vidéo MANERA retraçant l'expérience chilienne de Ian Fontaine et Pete Devries. D'abord au travers les mots de Ian, nous vivions le trip de l'intérieur, entre les paysages, les vagues, la culture locale. Place à présent à la perspective de Pete Devries. La parole au free-surfeur canadien, toujours avec les images de Marcus Paladino.
"En fait, je suis déjà allé deux fois dans cette région du Chili. Cela me rappelle chez moi, à Tofino. Le paysage, le climat... C'est juste un endroit magnifique que j'affectionne particulièrement. Mais ce voyage était complètement différent de tous les autres. Je m'y suis toujours rendu à des périodes similaires de l'année, généralement en hiver, donc on peut s'attendre à beaucoup de houle. Cette fois, nous étions en quelque sorte entre deux houles, ce qui nous a néanmoins permis de surfer un tas de vagues différentes et de découvrir des zones que je n'avais jamais surfées auparavant".
Le voyage et ses désagréments
"C'est plutôt comique parce que notre itinéraire initial nous faisait passer par Mexico, mais Nate a eu une très mauvaise expérience en ayant une escale là-bas par le passé. Nous avons donc choisi un autre itinéraire via Toronto. Environ une semaine avant notre départ, il y avait beaucoup de reportages sur tous les soucis à l'aéroport de Toronto liés au manque de personnel. Nous nous doutions déjà que le boardbag n'irait pas avec nous jusqu'au Chili parce que, soyons honnêtes, personne ne veut s'occuper de ce genre de bagage surdimensionné. C'est exactement ce qu'il s'est passé, et mon boardbag est resté coincé à Toronto...
Je n'ai parlé à personne d'Air Canada pendant toute la durée de mon séjour au Chili. Les seules personnes que j'ai pu contacter étaient celles des bagages à l'aéroport de Santiago, mais seulement par SMS et pour me dire qu'ils n'avaient aucune information... Et ça pendant deux semaines ! Heureusement, Ian m'a prêté ses planches pendant le trip pour que je puisse surfer. Elles sont un peu plus grandes que les miennes, environ quatre litres de plus, car je suis plutôt léger et petit. C'est une différence assez conséquente. Heureusement, les vagues étaient puissantes et nous avons eu pas mal de tubes, ce qui m'a aidé".
"J'étais assez intrigué de rencontrer Ian. Je ne le connaissais pas du tout, et il venait d'un autre pays et d'une autre culture. Il est super cool, ouvert d'esprit, et tout aussi enthousiaste par le surf que moi. Il était juste impatient d'aller à l'eau, et il s'est bien entendu avec tout le monde. Honnêtement, c'était génial de surfer et de passer du temps avec lui".
(Re)Découverte du Chili
"J'aime partir dans des endroits magnifiques et reculés. Cette région du Chili a une atmosphère particulière, c'est difficile à décrire. Les couchers de soleil sont incroyables. Ils traversent l'eau et toutes les vagues sont rétroéclairées en vert. Il y a souvent du beau temps, et s'il pleut, ce n'est que pour une journée.
C'est une côte tellement vaste. Il y a toutes ces courbes et ces pointes différentes. Je n'arrête pas de me remémorer mes voyages précédents, où je surfais des pointbreaks sans personne autour en profitant du beau temps et partageant les vagues avec mes amis. C'est un endroit génial".
Une bonne session se mérite
"Je suis assez obsessionnel quand il s'agit d'un surf trip. Si je n'ai jamais été à un endroit, je fais beaucoup de recherches à l'avance et j'essaie de tout décortiquer autant que possible. Je suis obsédé par les prédictions de houle et les modèles de vent. Cela fait partie du processus lorsque l'on se rend dans un endroit que l'on ne connaît pas très bien, surtout dans les régions plus éloignées et plus capricieuses où j'ai tendance à aller.
On devient essentiellement un scientifique amateur lorsqu'il s'agit de comprendre tout cela. Et puis, il y a aussi les modèles et les cartes météorologiques, la direction de la houle, la direction du vent... Ici, la marée peut aussi faire une grande différence.
On se doit vraiment d'être au courant de tout, sinon on ne tire pas le meilleur parti du trip. J'aime me plonger dans le vif du sujet et m'assurer que je fais de mon mieux pour être au bon endroit au bon moment. Plus je me prépare, mieux je me porte. Cela fait partie de mon processus ; cet aspect me passionne également".
Les houles qui n'existaient pas
"Le matin, nous quittons la maison dans le noir. Ensuite, nous passons toute la journée sur la route à la recherche de vagues, puis nous surfons, et nous rentrons chez nous à nouveau dans l'obscurité. Nous étions partis pendant probablement 12 heures par jour. Les journées étaient longues mais vraiment chouettes.
Le Chili est connu comme le pays des gauches et des pointbreak. Il y a toutes ces pointes qui dépassent, et la houle s'enroule normalement autour depuis le sud. Ensuite, elle s'évente dans ces magnifiques baies pour créer ces point break. Mais comme je l'ai dit, nous étions entre deux houles, donc les conditions étaient différentes. Honnêtement, ces vagues étaient difficiles ! Ces pointbreaks gauches étaient plus petits, donc nous sommes allés chercher des beachbreaks difficiles, assez lourds et avec beaucoup de closeouts. Mais nous avons réussi à trouver des baies vraiment bien, pittoresques et parfaites pour nos shootings. Honnêtement, je craignais juste de casser les planches de Ian sur ces closeouts peu profonds !"
"Nous avons toujours surveillé les mêmes zones presque tous les jours, et particulièrement le point break de Buchupureo. Le sable était le meilleur que j'ai jamais vu à cet endroit, mais nous n'avons pas eu assez de houle pour que la vague soit comme elle devrait l'être. Nous l'avons néanmoins surfé quelques fois. C'est un spot vraiment magnifique et fun, mais nous n'étions pas là au bon moment vraisemblablement. C'est impossible de savoir à l'avance".
"Honnêtement, ce trip a été très frustrant et difficile pour moi, surtout sur le plan mental. Avec le recul, j'étais super frustré de ne pas pouvoir surfer comme je le voulais. La veille de notre départ, j'ai reçu un appel me disant que mon boardbag était arrivé à l'aéroport de Santiago. Trop tard... Nous l'avons récupéré au retour.
Mais finalement, j'ai pu surfer et c'est ce qui compte. J'étais tout simplement reconnaissant d'avoir pu profiter de quelques planches et surtout de ne pas les avoir cassées. Je me souviendrai de quelques gros fous rires et des bons moments passés avec les gars. Et bien sûr, de beaucoup d'heures sur la route à la recherche de vagues ! Le Chili est un endroit si spécial ; c'était cool d'y retourner".
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Plus d'images du trip - © MANERA / Marcus Paladino :