Un coup de poker total ou une question d'expérience et de connaissance de terrain ? C'est sans doute un mélange de ces deux composantes qui aura permis à Volodia Pertsowsky de dénicher ce pic parfait et quasiment vierge le long de la côte sauvage de la Charente, quelques jours avant que la tempête Amélie ne s'abatte sur le littoral atlantique français. En bonne figure du surf sur Oléron et bien au-delà de son île natale, "Volo" s'était fixé une mission : profiter du swell qui réveillait des spots de Charente-Maritime restés trop longtemps inertes lors de la période estivale. Le "Local Hero" raconte :
Surf-Report : À quelle période se sont déroulées ces sessions ?
Volo : C'était la semaine dernière, quasiment la veille du début de la tempête Amélie. Le premier jour, ça a vraiment été un coup de poker. Le facteur qui nous faisait cogiter, c'était les coefficients de marées qui devaient s'élever à 109-115, et en général dans ces cas-là, même si la houle est bonne, les spots fonctionnent sur des créneaux très courts.
Et comment le choix du spot s'est présenté à vous ?
Avec un pote, on s'est dit : 'quitte à surfer une demi-heure, on tente'. Nous avons pris une passe dans la forêt, marchés pendant une bonne vingtaine de minutes avant de voir les vagues, et la première impression n'était vraiment pas top. Du coup nous avons pris la direction du nord, et aperçus un espèce de cylindre péter au loin. À ce moment-là, on savait que c'était là-bas que ça se passait.
C'était un spot que tu connaissais ?
Non, c'est un banc de sable qui a dû se déplacer. Nous on y a vraiment été au culot, car la passe qu'on a pris pour accéder à la plage, la dernière fois que je l'ai emprunté, c'était dans les années 90. On devait être cinq à l'eau, et deux bodyboardeurs ne semblaient pas étonnés de voir cette vague fonctionner.
Qu'annonçaient les prévisions ?
On devait être à la limite de la saturation, avec 2m à la bouée et pas loin de 12s à 15s de période. C'est pour cela qu'on s'était dit que c'était tout ou rien. Mais la houle était en baisse et c'est ce qui nous a fait espérer. Au final, ça s'est avéré payant !
Toute la Côte sauvage de Charente fonctionnait ou uniquement ce pic ?
On a des potes, notamment John Duquoc (photographe d'Oléron), qui était plus au sud. En regardant les images, on aurait vraiment dit que ce n'était pas le même jour : ça bougeait beaucoup et le plan d'eau était agité. Peut-être que notre chance, c'était qu'un banc de sable au large filtrait la houle. On avait l'impression de surfer dans de l'huile, le vent était nul, il n'y avait pas une ride et les bancs étaient vraiment calés. Ça fonctionnait aussi ailleurs, à Oléron notamment, mais sur des créneaux relativement courts. Nous, si on sortait de l'eau, c'est parce qu'il faisait nuit.
Ça faisait longtemps que vous deviez attendre ce genre de conditions...
Je suis rentré à l'eau en premier et j'ai fait des refus sur mes premières vagues, car ça faisait un bout de temps que je n'avais pas surfé dans des conditions aussi creuses. Après un petit temps d'adaptation, j'ai réussi à me remettre dedans. On peut dire que ça nous a sauvé le début de l'automne !
Réalisation : Volo et John Duquoc