Le bilan provisoire communiqué par les autorités des Bahamas est lourd. Ravagé par l'Ouragan Dorian depuis le début de semaine, le plus violent jamais enregistré depuis 40 ans, cet archipel a situé au nord de la mer des Caraïbes déplore d'importants dégâts matériels et au moins cinq morts. Après avoir été placé en catégorie 5 lorsqu'il stationnait au-dessus des îles bahaméennes, le cyclone devrait bientôt atteindre la côte sud-est des États-Unis, notamment la Floride, actuellement placée en alerte cyclonique.
Depuis une dizaine de jours, Erwan Simon scrute minutieusement les cartes météorologiques de Surf Report. Cet ouragan, il l'avait identifié avant qu'il ne touche les Bahamas et s'attarde au-dessus de l'archipel des Caraïbes. Le surfeur-explorateur breton nous a livré son analyse.
"Je ne suis pas spécialiste, mais j'observe la zone de temps en temps. La situation que connaît les Bahamas et la côte est des États-Unis en ce moment fait partie d'un schéma classique. À cette période, fin août/début septembre, la température de la surface de l'eau est chaude et cela favorise la formation des ouragans (voir schéma explicatif ci-dessous). De mémoire, elle doit être à 29°c dans cette partie ouest-atlantique, proche de l'Équateur.
J'ai suivi l'ouragan Dorian de plus près, le hasard des choses faisant que je décolle pour Saint-Pierre-et-Miquelon la semaine prochaine. Au fil des jours, il s'est renforcé. La température de l'eau est anormalement plus élevée que d'habitude dans le secteur et cela a finalement formé un des plus gros ouragans depuis des décennies : un diamètre qui s'étend à 75km, des vents à 300km/h et des rafales qui atteignent les 360km/h.
La particularité de cet ouragan, au-delà du fait qu'il soit gigantesque, c'est qu'il avance au ralenti, ce qui a tendance à le rendre plus puissant. Si ce dernier reste statique, cela produira des houles moins éphémères et sur le long terme. Deux schémas sont désormais possibles : soit la trajectoire de l'ouragan atteint les Antilles ou les terres floridiennes, soit il parvient à rester en mer, longer la côte est en direction du Canada, et là ça produit de la houle.
A priori, pour la Floride ainsi que pour la Caroline du Sud, il passera trop près des côtes pour fournir de jolies conditions : le vent va tout perturber. En revanche, dans des zones plus reculées, à 100 kilomètres voire à 200 kilomètres au nord de l'État, même si la houle sera hachée, il y aura nettement moins de vent. Les surfeurs présents là-bas surveillent sans doute ça de très près !"