Autres - Didier Piter en vacances studieuses au Costa Rica

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Mal Pais, Santa Teresa, Costa Rica (03/03/10) - 1er européen à participer au Pipe Master en 2001 grâce à une wildcard, Didier PITER reste un grand nom du surf français des années 90. Né et grandit au Sénégal, il a su garder toute l’humilité que requiert le surf. Au service de la Fédération Française de Surf durant quelques années comme entraîneur et sélectionneur, il est maintenant en charge de coacher les jeunes de la Team Volcom Europe. Et même en vacances à l’autre bout du monde il a toujours un regard attentif sur les surfeurs qui évoluent autour de lui. Une session au sunset peut vite tourner en mini contest, dans la joie et la bonne humeur mais aussi et surtout pour le plus grand bonheur de tous ! Rencontre et interview sous les cocotiers. Djé Surf Photos : Bonjour Didier PITER qu’est-ce qui nous vaut ta visite au Costa Rica? Est-ce la 1ère fois ici ? Pourquoi le Costa Rica comme destination ? Didier PITER : Salut, on avait envie de vacances en famille, on cherchait un endroit chaud, sympa et où il y a du surf. La famille QUIVRONT a réellement été un bon ambassadeur de Mal Pais Santa Teresa. J’étais venu au Costa Rica il y a 18 ans avec des potes, plus au nord en restant sur la côte Pacifique, Salsa Brava et Playa Grande. DSP : Comment trouves-tu les vagues de Santa Teresa, les différents spots, les surfeurs locaux et le niveau des jeunes ? D.P : Superbes ! Le lieu est vraiment idéal pour faire ses armes. Les vagues sont différentes, il y a une variété de beach break, on peut bosser et se faire plaisir, rentrer des manœuvres et les travailler comme il le faut. Les jeunes locaux ont du talent, ils sont très forts sur leur vague et ne perdent pas l’occasion d’envoyer des « Airs ». L’endroit est cool, çà surf à fond toute la journée, ce qui permet de prendre confiance et de s’éclater. Il manque juste des tubes… DSP : Retour sur ta carrière de surfeur professionnel : Champion de France en 1990, 1993, 1994 et 2000 Vainqueur de la Coupe de France en 1991 et 1992 Champion d’Europe en 1990, 1993, 1996 et 1999 Vainqueur de la Coupe d’Europe en 1994 Champion Universitaire de Californie en 1993 7ème au Championnat du Monde en 1996 ½ finaliste au Pipeline Master en 2001 Joli palmarès ! Qu’est-ce qu’il te manque, qu’est-ce que tu as raté, as-tu atteint tes objectifs ? Quel bilan tires-tu de ces années ? Si c’était à refaire, qu’est-ce tu changerais ? D.P : J’ai toujours rêvé de la compétition, je me suis fixé des objectifs que j’ai atteint un à un. On peut toujours rêver mieux mais me concernant j’ai réalisé ce que je voulais faire. Il me manque juste la finale du Pipe Master mais c’était très dur, il y avait des « clients ». J’aurais bien aimé passer plus de temps à Hawaii et Teahupoo aussi… J’aurais peut-être dû m’investir un peu plus car ce sont vraiment les deux vagues qui m’ont fait vibrer. Dans l’ensemble j’ai une vie de rêve et il faut suivre ses rêves sans se poser de question, donc aucun regret. DSP : Tu n’es plus surfeur professionnel depuis 2001, la page est-elle définitivement tournée ou peut-on envisager le retour de Didier PITER en compétition ? D.P : La page n’a pas réellement été tournée, ce qui change aujourd’hui c’est que je me retrouve de l’autre côté de la barrière. Je fais partager mon expérience et j’en suis très heureux. Je rêve encore d’une compétition à Pipeline et à Teahupoo, mentalement je serais prêt, mais physiquement les réflexes ne sont plus les mêmes. Je vis le surf autrement à travers les jeunes que j’entraîne, et çà me donne entière satisfaction. DSP : Titulaire du diplôme d’entraîneur d’état BE2, tu as été entraîneur de l’Equipe de France de 2000 à 2007 et Sélectionneur de 2005 à 2007, Team Manager chez GOTCHA de 1999 à 2004 et maintenant Coach pour la Team VOLCOM Europe depuis 2008. Des expériences très enrichissantes on présume ? Quel est ton rôle auprès de VOLCOM ? Quelles sont tes ambitions, tes objectifs ? Qu’est-ce qui te passionne dans ce job ? D.P : La passion a toujours été là depuis le début et ce le plus naturellement possible. Je suis très satisfait de tout ce que j’ai pu et ce que je peux faire. C’est une expérience de pouvoir transmettre quelque chose. Volcom m’offre cette possibilité. Mon rôle est de détecter les jeunes, les entraîner et les coacher en compétition. Mon objectif est de les aider à devenir des surfeurs complets et performants. On a des jeunes biens prometteurs. Et avec Joan DURU et Gony ZUBIZARETTA comme leaders naturels, cela fait un bon mix. Il y a une superbe team qui a un bel avenir. DSP : Dans le milieu du surf on te décrit comme quelqu’un de rigoureux, motivé et surtout passionné. 3 qualités qui se rejoignent. Dans la vie c’est la même chose ? Qu’est-ce que tu t’imposes et qu’est-ce que tu t’interdis ? D.P : Je reste toujours très positif. La rigueur n’était pas une chose naturelle mais çà l’est devenu, c’est obligatoire, surtout en compétition. Si tu ne l’as pas tu l’apprends. La passion c’est le plus important. C’est ce qui fait de toi un surfeur sur le long terme. J’ai toujours été quelqu’un de très motivé. Tu es motivé parce que tu es passionné, l’un ne vas pas sans l’autre. Je m’impose de garder le surf comme focus sinon il est trop facile de rentrer dans une routine, rien est acquis, on peut toujours progresser. Je m’interdis de me plaindre. DSP : Tu es né et tu as grandit au Sénégal, là-même où tu as apprit à surfer à l’âge de 12 ans et tu as fait tes études à San Diego en Californie où tu as découvert une autre culture du surf. Avec ton expérience de surfeur professionnel et tes différentes activités autour du surf, comment définis-tu ce sport ? D.P : C’est plus qu’un sport. Cà peut changer ta vie, te donner un équilibre par rapport aux gens, la culture, la nature mais aussi pour soi-même. Tous ces paramètres sont changeants d’un endroit à un autre, tu apprends à t’adapter et à t’ouvrir. Cà dirige ta vie quand tu es passionné et c’est une chance de pouvoir vivre çà, c’est une véritable source de plaisir et çà dépasse de loin la dimension du sport. DSP : Qu’est-ce qui, selon toi, a changé, en bien et/ou en mal, entre le surf d’hier et d’aujourd’hui ? Qu’est-ce qui peut encore changer ? D.P : En se développant, le surf a été vulgarisé. Cà suit une logique économique et fédérale qui veut que le surf soit accessible pour tous. C’est un très grand débat… La surpopulation sur certains spots, les relations avec les baigneurs, tout çà à changé et çà créé de petits conflits. Au niveau de la pratique, les manœuvres sont devenues spectaculaires, le matériel évolue. Je reste impressionné par le niveau technique actuel, j’ai en référence Dane REYNOLDS pour toute l’énergie qu’il peut puiser dans chaque vague et tout ce dont il est capable de proposer, Andy IRONS qui est un surfeur complet capable de surfer aussi bien 60 cm que Teahupoo avec la même maîtrise et décontraction, et aussi Kelly SLATER. Si le surf était un art martial, Kelly serait un master en la matière, il a une parfaite gestion psychologique, un parfait timing, bien plus que les autres et surtout il est en perpétuelle progression dans le challenge. Internet a été la grande révolution dans le milieu du surf, on peut prévoir une session quelques jours à l’avance et pouvoir être au bon endroit au bon moment, c’est le rêve de tous. Certains surfeurs sont de vrais marins et savent parfaitement lire les cartes. Cà fait partie du surf d’aujourd’hui. DSP : Surf et nature sont étroitement liés. Le surf véhicule assez souvent une image de protection de l’environnement. Est-ce que tu te sens impliqué ? Quelle est ta vision sur ce sujet ? D.P : Le surf se développe considérablement et les marques font de l’argent. Tout le monde profite de l’océan et on ne s’en souci en général pas assez. Les surfeurs sont en première ligne pour montrer l’exemple donc bien sûr je me sens impliqué. Il faut adhérer aux associations pour défendre l’océan car l’océan ne peut pas se défendre tout seul. En France on ne s’en sort pas trop mal mais il y a des pays où l’océan est une vraie poubelle. Le surf a cette partie d’égoïsme qui fait que l’on pense ne rien pouvoir changer tout seul mais si chacun apporte une pierre à l’édifice on peut faire bouger les choses et je soutien l’action de Surfrider Fondation et chaque association dans ce domaine. C’est l’avenir de nos enfants qui est en jeu et il n’est jamais trop tard pour bien faire. DSP : Chaque jour ou presque on peut voir un nouveau reportage sur une vague que personne ne connaissait. Penses-tu qu’il reste encore beaucoup d’endroit à découvrir ? D.P : Je suis persuadé que oui. On en est qu’aux prémices. L’océan couvre 70% de la planète, çà laisse imaginer tout ce qui peut encore être découvert. C’est une évolution naturelle. Avant c’était parfois la loterie pour trouver une nouvelle vague, aujourd’hui il y a internet et toutes les possibilités qui y sont offertes. Le surfeur a en permanence la quête de la vague parfaite. Les marques participent activement à ce développement, l’évolution des combinaisons y contribue et on va pouvoir découvrir des endroits de plus en plus froids où aller surfer. Il faut vivre avec son temps même si certains nostalgiques disent qu’il n’y a plus cette même magie de découvrir un spot naturellement… DSP : Le surf en France est-il un sport qui manque de médiatisation ? Qu’est-ce que l’on peut faire pour remédier à ce problème ? D.P : Le problème part des gens eux-mêmes et de la vision du surf. En France, la transmission de ce sport n’est pas assez naturelle. Les gens vont dans les écoles de surf et arrêtent au bout de quelques jours. Cà reste un sport considéré comme saisonnier même si beaucoup le pratiquent à l’année. Il y a un manque de régularité comme il peut y avoir dans les pays précurseurs du surf. Les clubs ont un très grand rôle à jouer. Il y a aussi parfois un manque de dialogue et de respect entre génération, or ce lien est fondamental pour une évolution saine du surf. DSP : Un Français champion du monde, çà aiderait ? D.P : On a en eu 2 en moins d’un an, Jérémy FLORES et Maxime HUSCENOT, mais pas en WCT. Oui c’est certain, çà aiderait, mais le futur champion français en WCT n’a malheureusement pas encore pointé le bout de son nez… DSP : Ton point de vue sur les Français engagés dans le WCT, quelles sont leurs chances ? D.P : Le surf change et les français doivent s’adapter. Les générations futures doivent rester en alerte et dans une bonne dynamique. Il y a toujours cette domination américaine avec Kelly SLATER et Dane REYNOLDS, australienne avec Joel PARKINSON et Mick FANNING et sud-africaine avec Jordy SMITH. Les français restent au contact mais il n’y a pas encore de champion du monde potentiel. DSP : Le surf au féminin, elles sont de plus en plus nombreuses en compétition, ont-elles autant leur chance ou penses-tu qu’elles puissent être désavantagées à un moment ou un autre ? D.P : Je trouve qu’il y a pas mal de filles qui surfent au Costa Rica ! Il y a différents styles dans le surf féminin, celles qui veulent forcer les choses et celles qui ont la grâce, je préfère de loin le second style. Les françaises sont très avantagées et elles ont un excellent niveau. Pauline ADO est une fille très intelligente qui saura gérer sa carrière. Lee-Ann CURREN est très engagée, elle cherche le tube en permanence, elle a le bottom de son père et son surf se rapproche de celui des hommes, il faudra la suivre de très près dans un futur proche. Seul regret elles ne sont pas autant aidées sur le plan professionnel comme c’est le cas chez les hommes, en France çà va on ne s’en sort pas trop mal. La relève hawaiienne reste pour moi la meilleure. DSP : Le WCT a commencé le week-end dernier à Snapper Rocks sur la Gold Coast en Australie, tu as surfé là-bas, quels souvenirs gardes-tu de cette vague ? D.P : C’est une machine à vagues ! L’eau est chaude et claire, la ville est tournée vers le surf et les australiens sont très compétitifs, du coup il y a pas mal de monde à l’eau. Snapper Rock c’est une droite, étant goofy j’aurais vraiment voulu l’affronter de face mais je suis sûr que le goofy du 3ème millénaire saura la surfer en switch ! DSP : Tes pronostics pour cette année ? Penses-tu que 2010 puisse être l’année du 10ème titre de Kelly SLATER ? D.P : Il y a de très fortes possibilités que oui. Il n’a pas vieilli. Les résultats de la 1ère étape permettront déjà de se faire un premier jugement. La question est de savoir si Andy IRONS est revenu à 100%. Si c’est le cas il bloque Kelly. Parko peut également le contrer, et bien sûr Mick FANNING, tenant du titre. Et quand Dane REYNOLDS aura décidé qu’il voudra le titre il faudra compter sur lui (un peu à l’image de Pottz en 1989), mais il n’est pas encore assez ouvert et focus sur la compétition. DSP : Ton point de vue sur la nouvelle génération de surfeurs Français : Joan DURU, Maxime HUSCENOT et les autres ? D.P : Joan DURU est pour moi le meilleur surfeur Français car le plus complet. Les surfeurs français sont très compétitifs et assez intelligents, ils ont un surf qui va parfaitement avec la vague. Le point faible c’est leur manque de créativité. C’est devenu un point crucial avec l’évolution des critères de jugement. Il faut travailler plus jeune les manœuvres innovantes, apprendre à tomber plus. La compétition tiens chez les jeunes français une -trop- grande place, il faut se lâcher un peu plus, trouver une meilleure maîtrise. Leurs qualités font leurs défauts et inversement. J’encourage les jeunes à suivre les traces de Dane RAYNOLDS pour sa vision du surf, et Andy IRONS pour sa maîtrise dans tous types de vagues ! DSP : Charly QUIVRONT, qui fait parti de la Team VOLCOM, était ici il y a quelques jours, il a laissé forte impression. Quels sont ses points forts et ses points faibles ? D.P : Il a une très bonne marge de progression et il a la passion, il passe beaucoup de temps à l’eau. Ses plus grosses limites, son manque d’engagement et peut-être la vitesse. S’il arrive à trouver ces deux paramètres il va progresser encore plus rapidement. Pour son âge (15 ans) il a un bon potentiel et un large répertoire. Très bonne gestuelle, bien stylé. Il doit chercher encore un peu plus la confrontation avec la vague et ne pas rester dans ce qu’il sait faire. DSP : A seulement 6 ans on peut déjà admirer ton fils Sam en plein apprentissage du surf, une technique et une gestuelle incroyables, mais encore plus impressionnant quand il nous parle de surf, des vagues de Bali ou bien encore d’Hawaii tel un surfeur professionnel. Un vrai passionné. Cà va être difficile de ne pas en faire un surfeur ? D.P : Il fera ce qu’il voudra du moment qu’il soit heureux. Il baigne naturellement dans cet environnement, il est toujours avec moi sur la plage, à côtoyer des jeunes surfeurs, à parler surf. C’est donc tout ce qu’il y a de plus naturel pour lui et c’est un vrai bonheur pour moi. Tant qu’il sera demandeur je serais là mais je ne veux surtout pas le forcer. DSP : Tes vagues préférées ? D.P : Teahupoo en gauche et Ouakam au Sénégal en droite. J’aime bien aussi La Gravière. DSP : Tes boards ? D.P : J’ai une faiblesse pour les guns ARAKAWA et je suis très satisfait des AL MERICK. Je n’ai aucun sponsor planche, donc une totale liberté de surfer toutes les boards. Mon quiver régulier se réduit à 3 boards : une 5’’10, 6’’1 et 6’’3. Sans compter les guns parmi lesquels ma préférée reste la 7’’7 pour Pipeline. DSP : Un coup de cœur, un coup de gueule ? D.P : Coup de cœur : l’océan ! Coup de gueule : les mecs qui se la racontent avec le surf et tous ceux qui oublient de respecter la nature ! DSP : Dernier mot ? D.P : Merci et vive le surf !!! +++ INFO +++ Didier PITER, en collaboration avec le photographe Bernard TESTEMALE, vient de terminer un livre sur la technique et la pratique du surf, tout ce qu’il faut pour faire un surfeur complet. Sortie prévue courant 2010. Pura Vida ! Texte et photos : djesurfphotos.com Powered by Christophe
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