Autres - Molokaii 2009

- @oceansurfreport -
Hawaii, USA (28/04/09) - Qui a balancé sur le blog : "Molokaï, vent de face, t'en chie ta race" ? Toutes les 20 minutes quand j'avalais ma gorgée de gel et sirotais ma pipette, ce dicton me revenait dans la tête. Mais je me disais bien que c'était la même chose pour tous les concurrents et que tout le monde devait bien en être au même stade. Et c'était vrai puisque même parmi les meilleurs il y a eu des abandons. Et je l'ai fait, I did it !!! C'était une des éditions les plus pénibles de la Molokaï. J'ai pas eu une belle houle pour me pousser, pas le moindre run, à peine si j'ai levé le ama deux ou trois fois, mais j'ai géré ma course, ma vitesse, sans m'affoler ni me morfondre quand j'ai commencé à décrocher de Sylvain et Rico. Il y avait une petite course dans la course. J'étais dans ma bulle mais les idées claires, pas abruti par l'effort et surtout content d'être là parce que c'était mon choix et que je m'étais entraîné pour ce type d'effort. Comme le dit Tresnak : "You know guys, the most imporrrtant is not the beginning, it's the end". Et une fois de plus ce précieux conseil s'est avéré être juste. Rico qui peine sur la fin, Sylvain qui arrache son gouvernail dans les 5 dernières minutes et je glisse sur les seules vagues de la course vers l'arrivée en tête de la french team. Je me tire une petite bourre avec la deuxième fille et je prends une heure dans la tête par le premier. Finalement ces conditions nous était plus familières et donc plus favorables. Dans du vrai downwind on aurait pas fini dans le premier tiers du classement. Mais bon, je l'ai fait et je suis content. Je repartirai d'Hawaii avec des images plein la tête, les poissons volants qui se lèvent devant mon bateau comme une nuée de moineaux, la baleine qui vient souffler à 10 mètre de moi que je regarde à peine tellement je suis concentré, la poignée de main d'Aaron Napoleon, premier master, admiratif du voyage qu'on a fait pour venir faire cette course et la finir et surtout l'image d'un personnage hors du commun : Karel Tresnak, qui a changé ma vision de la rame. Je repars d'ici comme si je redémarrais une nouvelle carrière. J'ai tout à revoir : ma technique gestuelle, mes méthodes d'entraînement, le downwind. J'ai laissé sur l'île un tas de certitudes, pour aborder un sport que j'ai véritablement découvert ici : l'outrigger canoë. Tous les gens qui ont fait ou approché cette course m'avaient prévenu que cela allait changer ma vision de ce sport. Même si les conditions de course de cette édition sont une première avec ce vent de face du début à la fin, c'es extrême, très extrême. Ce plan d'eau animé d'une houle incroyablement longue, de courants et reflexions des diverses côtes. Il y a aussi la distance et donc la longueur incroyable de cet effort ou à chaque coup de rame je frôlais le crampe, la défaillance. Et puis cette fin de course après 5h40 de rame ou par euphorie,exès de confiance ou simplement manque de lucidité j'ai surfé la reflexion du "China'swall" un peut trop longtemps et arraché ma dérive en touchant le reef (corail). Cette fin de course qui normalement accompagne la délivrance à été pour moi un bras de fer pour ne pas abandonner alors que le vent de coté me faisait tourner mon OC1 dans la mauvaise direction. Vous imaginez ma frustration de me faire doubler au finish par ces huits pirogues. Cette sensation d'avoir fait cette débauche d'énergie pour rien c'est vite estompée quand en sortant de mon bateau Marcela Tresnak m'a remi le rituel collier de fleur. On a fait la traversée dans un temps honorable alors que des champions comme lewis laughlin ou maui kjensen ont abandonnés. Les rameurs hawaiiens ont une sacrée avance sur nous et c'est le point de départ pour travailler nos lacunes que l'on a bien identifiées. Il reste une grosse différence que l'on ne pourat changer en France les entrainement ont été difficiles (froid, jours court, pas de downwind) alors que les hawaiiens progressent en s'amusant dans un site idéale. Je suis très impressionné pas la course de Rico qui s'est dépassé jusqu' à la panne physiologique, je pense que si la course s'était déroulée dans les vagues le tiercé n'aurait pas été dans le même ordre entre nous ! Et voila, « MA » Molokaii est fini, une expérience de plus, et qu’elle expérience, à accrocher a mon palmarès personnel. Tout a commencé grâce a Sylvain quand après la saison 2008 des HULINOKEA (seul course downwind en Europe) il a lancé le projet, a la base en double puis finalement en solo, de participer a la plus longue et plus belle course d’OC1 du monde. Chiche… !!! Beaucoup de chose se mêle dans ma tète a quelques secondes du départ. Suis je assez prêt, sur qu’elle cadence partir, est ce que ma trajectoire sera la bonne, est ce que mon système de ravitaillement est bon, qui accrocher et pour combien de temps partons nous... ? Beaucoup trop de paramètres qui donne à l’expérience une énorme valeur dans ce genre d’épreuve. C’est parti, je suis juste derrière des cadors de la discipline, Kai Bartlett et Danny Ching mais j’essaye tan bien que mal de rester a mon rythme. La vasodilatation dut à la chaleur et l’excitation augmente ma fréquence cardiaque de 10bpm et tout doucement je prends mon rythme de 155bpm. Mon pauvre geste technique est très gêné par le vent et les clapots de face mais je reste tout de même dans les 1er bateau de tète. En fait on ne voit quasi pas les rameurs mais leur bateau suiveur. Une vingtaine de bateaux me précède et je ne vois pas mes deux acolytes. Apres 3h de course j’ai remonté dans ma trajectoire 2 ou 3 rameurs mais un gros paquet de la flotte ont pris l’option Nord. Je distingue sur ma gauche plus au sud le bateau rouge et Blanc du Père Tresnak suivi de tres prêt par l’Escort boat de Bébert. Mes copains sont la et c’est bon signe. Le 1er repère de temps que nous avait donné Karel Senior était par rapport à ce qu’on pouvait distinguer de l’ile que nous tentions de joindre. « Si tu vois Oahu c’est que tu es à la moitié, si tu vois l’herbe c’est que tu arrive dans le courant contraire et que tu va en chier ». Bizarrement ce jour la des le départ, nous voyons l’herbe d’Oahu, était-ce un signe qu’on aller vraiment en chier… ? En tous cas me voila après 4h30 de course au milieu du Kaiwi Chanel quand Guy sur mon Escort boat me lance « tu va super bien, tu as remonté 8 rameurs et tu es devant Sylvain et Bébert ». Peut être un peu trop bien. C’est alors que mon 1er coup de fatigue surgit. Une crampe à la fesse gauche, quelques douleurs dans les bras et le dos et surtout des maux d’estomac me font doucement baisser mon rythme de rame. J’essaye de rester concentré mais tous ces aspects négatifs me harcèlent. C’est alors qu’arrive a ma gauche Sylvain suivit a 600m de Bébert. Je décide d’essayer d’accrocher le wagon de mon compère d’entrainement. Nous faisons alors une bonne demi-heure à deux à faire des relais pour essayer de fondre sur Lauren Bartlett que j’avais doublé 30mn auparavant. Tout va mieux pour moi et le fait de suivre Sylvain me donne des ailes. Je pense pouvoir tenir la fin de la course à ce rythme quand tout d’un coup, alors que je suis devant Sylvain au relai, je le vois à ma droite choisir, avec l’avale de son coach une option complètement différente de la mienne. Il part rejoindre la fameuse falaise de China Wall par le Nord alors que je continue tout droit. Je suis toujours 1er Français à ce stade et il ne nous reste que 4km à parcourir. Un gros coup psychologique pour ma motivation de rester avec lui jusqu'à la fin et le courant se renforçant de face avec le clapot de la falaise qui s’intensifié, je subissais doucement ma deuxième et dernière panne. Physiologiquement je suis touché et je n’arrive plus a plié mes bras sous peine de rester bloqué par les crampes. Un moment d’inattention et je me retrouve « sur le toit ». J’essaye de remonter au plus vite sur mon embarcation pour ne pas me faire doubler par Bébert qui a pris la même option que moi mais en vain. Je prends 1mn dans l’eau pour reprendre mon souffle et le peu de force qu’il me reste pour poursuivre enfin ma course. Une fois remonté sur ma pirogue je vois Sylvain très proche de la falaise filer à vive allure vers la victoire Française et Bébert me fondre dessus a toute vitesse. Ma tète tourne, j’ai le ventre noué et les bras tétanisés par l’acide lactique. Je suis effondré de fatigue et me demande comment je vais bien pourvoir finir la course. Quelques minutes plus tard Bébert me double ne faisant qu’une bouché de moi et chaque coup de rame me semble être un effort d’un autre monde. J’ai du mal à respirer et mes muscles intercostaux me font mal a pleurer. Comment vais-je faire pour parcourir ces 3 derniers kilomètres… ? Je souffre comme jamais je n’ai souffert auparavant mais la détermination de finir est plus forte et plus grande dans cette bataille qui se passe dans ma tète. 10 coups de rame, une pause, 10 coups de rame, un pause. Voila comment j’ai finis les 3 derniers kilomètres de ma course. 2 Hawaïens me double avant l’arrivé a la marina et je n’ai pas du tout les moyens de lutter contre eux. Je suis à bout de souffle prêt à abandonner à chaque instant mais ce serait trop bête, pas maintenant. C’est alors que je vois en travers du chenal d’arrivé une casquette orange (casquette WOO que Sylvain et Bébert portaient). Je me demande comment ce fait il que Bébert soit aussi proche de moi alors qu’il m’a doublé il y a bien 5mn et je ne pense pas du tout a Sylvain qui doit être arrivé depuis 10mn. Je saurais par la suite que Sylvain a touché le reef et qu’il est rentré à la marina tant bien que mal sans dérive avec le vent lui poussant la pirogue vers la gauche. Je rentre enfin dans la marina en essayant de relever la tète un minimum et je croise toute souriante Alana Frazier. J’ai l’audace de penser qu’elle n’a pas fait la course tellement elle a l’air fraiche. Elle finit en fait juste derrière Bébert. Je passe enfin la ligne et laisse tomber mes bras meurtrie. Je fais 35eme en 6h13 a seulement 1h du 1er. C’est exactement ce que nous nous étions fixé avec Sylvain si la course c’était passé Downwind. Pas plus d’1h00 du 1er et dans la 1er moitié de tableau. Objectif atteint non sans douleur mais qu’elle expérience. Je me promets de revenir l’année prochaine participer a cette merveilleuse épreuve en espérant que le vent et donc les vagues seront de notre coté cette fois. Et puis si par hasard le vent se remet à souffler de face pour la 1ère fois en 6 mois alors je saurais ce qui m’attend et je m’appuierais sur cette expérience unique pour ne pas refaire certaines erreurs. Aloha. A voir : MOLOKAI 2009 OC1 SOLO - ACTE 1 MOLOKAI 2009 OC1 SOLO - ACTE 2 MOLOKAI 2009 OC1 SOLO - ACTE 3 MOLOKAI 2009 OC1 SOLO - ACTE 4 Plus d'informations : ponantpaddlesports.over-blog.com/ Powered by Christophe
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