Noé est d'abord et avant tout un
passionné de surf, avide de voyage. Très rapidement il est d'abord devenu
moniteur de surf notamment au Brésil puis a rejoint 360°surf comme reporter et photographe. Toujours en mouvement,
régulièrement en surf trip, il continue aujourd'hui à être ambassadeur pour
360°surf. Son leitmotiv c'est de rester toujours au plus proche du terrain et
de rester connecté à son environnement. Il a également été préparateur mentale
dans le sport de haut niveau. Aujourd'hui, il utilise ses compétences dans ce
domaine essentiellement pour le surf. Il travaille avec des surfeurs de tous
niveaux en développant une autre méthode d'apprentissage qui lie l'entrainement
des surfeurs par l'approche corporel et par la préparation mentale.
Le mental pendant la compétition :
Un préambule pour lier le surf et le mentale. Un préambule pour
comprendre ce que veut dire « avoir une bonne hygiène mentale » dans
le surf.
Cet article est le lancement
d'un sympathique projet avec Youssef. Après plusieurs années à surfer et à
accompagner des surfeurs dans la préparation mentale il est temps de se poser
et de se questionner ensemble sur la place du mental dans le surf. C'est à
travers une série d'articles que l'on va tenter d'y répondre en apportant des
clés pour mieux comprendre le lien entre le surf et le mental. Des clés qui
pourront servir les élites comme les surfeurs amateurs. Commençons par ce petit
préambule sur le mental et sa place dans le surf.
Vous avez dit mental ?
On l'entend régulièrement. En lisant les interviews des surfeurs il est bien
rare de ne pas voir apparaître des termes liés au mental.
J'aime dire que la préparation mentale dans le surf ne permet pas seulement
de résoudre une problématique. On ne s'entraîne pas physiquement que lorsqu'on
est blessé. C'est la même chose, on peut s'entrainer mentalement afin
d'optimiser ses performances sans avoir de problèmes particuliers. Plus
encore cela permet de travailler sur la notion de plaisir ; puisqu'à mon
sens l'un ne va pas sans l'autre et je travaille beaucoup sur cette notion avec
les sportifs que j'accompagne. Si la préparation mentale n'est pas une
nécessité pour performer (nombreux sont ceux qui ne l'utilisent pas et qui
gagnent quand même et je tiens à le dire !) elle permet de protéger ses
compétences et de se donner une chance de plus d'être présent lors des grands
rendez-vous ; en gérant son stress notamment. C'est pour ça que je vous
propose d'appeler mental tout ce qui touche à ce que l'on appelle le levier de
la différence. Le surfeur à une multitude de compétence technique et physique
qui lui permet d'avoir un niveau national, international voir d'être champion
du monde. A aucun moment le travail en préparation mental ne permettra de
changer ce niveau de compétence. Par contre en activant le levier
« mental » le surfeur pourra faire la différence au moment où il le
faut. En somme utiliser la préparation mentale permettra de surfer à son
meilleur niveau, d'être performant au bon moment.
L'hygiène mentale :
Ce que l'on appelle hygiène
mentale n'est pas dissociable de l'hygiène de vie tout simplement. Que ce soit
claire, il est important de s'entrainer mentalement régulièrement pour réussir
à avoir une bonne hygiène mentale durant toute une compétition. Les risques
principaux de ne pas avoir eu un bon entrainement mental avant la compétition
sont principalement le manque d'énergie, la déstabilisation émotionnelle
(Stress, pensées négatives, etc.) et la perte de moyen à cause d'une estime de
soi trop fragile. Ces trois pôles impacteront lors de la compétition des
problématiques de concentration et de confiance.
En période d'entrainement, lors de la
préparation de saison il va falloir fixer des objectifs. Apprendre à fixer des
objectifs est nécessaire. Mais pendant cette période c'est aussi le moment de
faire un diagnostic, d'expliciter ses différentes expériences, trouver les
points forts mais aussi dénicher quelles sont les problématiques.
C'est un temps d'entrainement mental ou on enchaîne des ateliers d'exercice pour se préparer au mieux.
Les grandes étapes :
1 : Décrire et expliciter la situation
Cette première étape correspond à cette période où l'on réalise des stages d'entrainement et où l'on prépare sa saison. Il faut être capable de fixer des objectifs durant cette période et à la fin de celle-ci. Cette étape est donc primordiale. C'est celle qui nous importe le plus aujourd'hui. C'est grâce à cette étape obligatoire que le surfeur pourra intégrer et utiliser les bons outils de préparation mentale au bon moment. Expliquer nos émotions, nos pensées et ce qui se passe dans notre tête pendant les compétitions n'est pas une chose évidente. C'est le moment du « regard sur soi ».
2 : Établir un diagnostic
De façon logique cette étape est donc celle du diagnostic, déterminer d'où vient le problème. Comment se fait-il qu'à l'entrainement je passe des manœuvres qui score à 8 mais à chaque fois je n'y arrive pas en compétition ? Il faudra alors arriver à l'étape ultime avant de commencer l'entrainement.
3 : Proposer des solutions nouvelles ou renforcer l'entraînement de certaines techniques
C'est alors que le surfeur va pouvoir
s'entrainer mentalement en commençant par réaliser une bonne fixation
d'objectif. La suite sera de s'entrainer et contrôler les résultats afin de
savoir si les solutions étaient les bonnes ou s'il faut refaire le processus
pour trouver de nouvelles réponses.
La fixation d'objectif est donc un peu le préambule de la bonne hygiène
mentale. Savoir où l'on va et pourquoi on y va c'est toujours mieux.
Energie et Émotion :
Deux pôles centraux dans l'hygiène mentale. J'aborderai moins celui lié à l'estime de soi, du regard sur soi qui nécessite beaucoup plus d'explication.
Energie :
Pensez par énergie, tension interne. C'est un des points sur lesquels je
travaille le plus maintenant. Avant très peu, puis au fil des expériences je me
suis rendu compte qu'on avait tendance à faire les choses à l'envers. Avant de
penser il faut bien un corps pour y parvenir. Dans l'entrainement des surfeurs
il y a beaucoup de charge physique qui crée de nombreuses tensions. Pourtant on
pourrait se pencher sur d'autres méthodes comme l'approche corporel de
Feldenkrais par exemple. Gérer son énergie c'est commencer par des choses
simples comme la gestion des techniques de respirations, la prise de conscience
du fonctionnement de notre corps.
Comment je respire ? Comment je me sens sur la planche ? Comment je
me sens-là sur la plage avant d'entrer dans l'eau ?
S'entrainer régulièrement à être à l'écoute de son corps et de ses mouvements
est une étape centrale avant d'aller plus loin. Une étape qui sera un atout
majeur pour une bonne hygiène mentale.
Il faudra bien sûr s'y entraîner avec des entraîneurs et des préparateurs mentaux formés à ces techniques.
Un bon conseil c'est de commencer par
pratiquer la respiration abdominale et la respiration relâchement. Dès que cela
est possible de le faire. Se poser, prendre le temps de respirer et sentir ce
qu'il se passe. Plus ces moments seront nombreux pendant une compétition, plus
vous aurez de contrôle sur votre état mental.
Émotion :
Pensez par émotion tout ce qui est
lié à nos ressentis, notre stress, nos pensées. Il y a nos émotions primaires
comme la peur et celle qui sont lié à notre préfrontal. Ce sera deux choses
bien distincts à gérer.
Une bonne gestion émotionnelle
permettra d'être le plus régulier tout au long de la compétition. Les outils
sont plus difficiles à utiliser sans entrainement que les outils liés à la
gestion de notre énergie. Actuellement je travaille là-dessus de manière très
spécifique avec les deux ensembles, sur le terrain, à chaque fois en alliant de
nouveaux outils.
Pour commencer à travailler la gestion de ses émotions il est intéressant
d'apprendre à travailler sa capacité d'imagerie mentale. Pour une raison simple,
prouvée par la neuroscience : Fermer les yeux et imaginer un mouvement, un
paysage ou quoi que ce soit reviens à activer les mêmes zones de notre cerveau
que si nous vivions vraiment la situation.
Commencer simplement par vous exercer à des relaxations courtes. Imaginez une
situation agréable pendant 10 min et tenter de vous concentrer sur les détails
qui vous procure du plaisir. Imaginez une situation où vous êtes en train de
réaliser un surf parfait. Imaginez-vous en train de faire un mouvement alors
que vous êtes allongé sur le sable.
Mais nous aborderons plus en détail des techniques pour gérer nos émotions dès le prochain article.
Pour conclure :
Avoir une bonne hygiène mentale
durant nos compétitions n'est pas si simple qu'il n'y paraît et ne peux pas
s'improviser sur le moment. Il faut d'abord être prêt techniquement et
physiquement (gérer donc son entrainement, son alimentation, son sommeil, etc.).
Il faudra ensuite anticiper sa préparation mentale pour mettre toutes les
chances de notre côté.
Retenez déjà une chose, un bon mental s'entraine régulièrement en amont de la
compétition. On amorcera ça par une bonne gestion des émotions et du pôle
énergie ainsi que par une bonne fixation d'objectif. Le mental englobe un
nombre important de paramètres qu'il me serait impossible d'aborder dans un
seul article. J'irai plus loin en affirmant qu'il n'y a rien de miraculeux,
rien de magique. Je n'ai jamais permis à un surfeur d'être meilleur, je l'ai
accompagné pour qu'il réussisse à devenir le champion de son propre monde.
Personnellement je pense que ça en vaut la peine !
Bon surf !
Crédit Article : Youssef Zerrad