Ce phénomène peut parfois être encore plus fort comme en Irlande où + 5°C ont été enregistrés. Ce phénomène s'appelle canicule marine. Moins connu du grand public que le terme de réchauffement climatique, ses enjeux en sont pourtant tout aussi importants.
L'origine d'un tel phénomène
La principale cause de canicule marine évoquée par les scientifiques est la diminution de la masse nuageuse et le manque de vent. En effet, les courants d'airs permettent le brassage des eaux tandis que les nuages protègent l'océan d'un apport trop important d'énergie solaire et donc de chaleur. Une autre explication plus pointue serait que les poussières venues du Sahara (poussées par les vents), sont de moins en moins nombreuses. Ces dernières font office d'écran réverbératoire à la surface de l'eau, l'empêchant ainsi d'être pénétrée par trop de chaleur (comme le ferait un film anti-chaleur).
Enfin, les navires de commerce et leurs émissions de souffre sont également mis en cause. Les océans absorbent déjà 90% de la chaleur provenant des émissions de gazs à effet de serres, l'importance de ces émissions a donc un impact direct sur cette problématique environnementale.
Des conséquences directes sur le surf ?
"Ce qui est une surprise, c'est que ça va extrêmement vite" commente Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherches au CNRS et corédacteur d'un rapport du GIEC. La canicule marine a notamment pour conséquence une mortalité massives d'espèces : coraux, gorgones, oursins, mollusques, bivalves, posidonies en Méditerranée et dans l'Atlantique sont impactés. Cette dernière entraine aussi une migration massive d'espèces de poissons vers des eaux plus fraiches comme celles de la Norvège ou de l'Islande, déréglant au passage l'équilibre de biodiversité établi.
On sait aujourd'hui que tout est lié, que ce soit sur Terre, dans les forêts, dans les océans ou les lacs. Les températures moyennes en hausse entrainent la disparition de certaines espèces. Faune et flore sont directement impactées et les dégâts sont visibles à l'œil nu. Mais si souvent ce qui se passe sous l'eau reste sous l'eau ("Loin des yeux loin du cœur" comme dirait l'activiste Danny Renton dans la dernière production Patagonia) on sait aujourd'hui que la canicule marine va jusqu'à impacter le surf.
Les conséquences pour les surfeurs peuvent être bien plus graves que de passer aux sessions boardshort plus tôt dans l'année. Récemment, la zone du Pays basque a par exemple été frappée par une pollution inédite dans la région : connue en Méditerranée, la micro-algue toxique ostreopsis a migré vers Biarritz et Anglet à cause du réchauffement des eaux. Cette dernière a gardé les pratiquants hors de l'eau, car son contact peut déclencher chez l'Homme toux et irritations (même les embruns peuvent la faire voyager, éloignant aussi les passants des plages).
Juliette Mignot, océanographe à l'IRD (Institut de recherche pour le développement) parle alors d'un point de bascule. L'océan est en voie de perdre sa capacité à pomper le carbone émis par l'activité humaine qui entraine un réchauffement atmosphérique et marin. Sans cette absoption, la température mondiale, sur Terre comme en mer, continuera de grimper. Comme toujours, la question est essentielle, et le rôle des nations dans le respect de l'accord de Paris pour réduire drastiquement les émissions de gazes à effet de serre est notamment majeur.