Environnement - De la vague à l'électricité

Avancées technologiques en Australie

- @oceansurfreport -

Au large des côtes Ouest australiennes, trois grosses bouées flottent sous la surface, comme de grosses méduses qu’on aurait attachées au plancher de l’océan. Ces dispositifs de 10 mètres de largeur sont secoués par les vagues puissantes de l’Océan Indien. En exploitant le mouvement perpétuel de la houle, les bouées génèrent environ 5% de l’électricité utilisée par la base militaire de Garden Island non loin de là.

Les bouées font partie d’un projet pilote de Carnegie Wave Energy, une entreprise basée à Perth et enregistrée à l’Australian Securities Exchange, la bourse australienne. Fin février les bouées ont commencé à générer 240 kilowatts chacune, une énergie redirigée vers la base navale HMAS Stirling mais également vers une usine de désalinisation.

L’énergie renouvelable n’est pas une priorité en Australie car le pays repose sur un large stock d’énergies fossiles, en particulièrement le charbon. Mais ce projet a été développé pour les Iles-Nations qui importent une grande quantité d’essence pour l’électricité, ainsi que pour les bases militaires qui veulent conserver une indépendance en matière d’énergie et d’eau.

L’énergie des vagues semble depuis quelques années une source prometteuse pour l’avenir. Ces 20 dernières années, des entreprises ont développé différents designs y compris en forme de serpent, de tube ou de bouée. Mais cela reste très expérimental. Les équipements sont facilement endommagés par les vagues incessantes et les fortes tempêtes. Sans parler de l’insuffisance de capital pour améliorer et tester les designs.

« Le plus gros challenge ce sont les subventions » déclare Mr. Ottaviano, directeur général de Carnegie. « N’importe quel système qui génère de l’énergie nécessite de gros capitaux. A chaque fois que vous voulez tester une idée, cela coûte des millions de dollars. Les technologies « mainstream » d’aujourd’hui comme le nucléaire ont été développé dans un intérêt commercial avec l’appui de la recherche gouvernementale. »

Le projet pilote de l’entreprise Carnegie, “Ceto 5”, est différent des autres car les bouées sont placées à 1 voire 2 mètres sous l’eau plutôt qu’à la surface. Cela permet de protéger le système de l’assaut direct des vagues. Le mouvement constant de l’océan déclenche des pompes hydrauliques qui rejettent l’eau de mer à travers un tuyau qui rejoint la centrale de Garden Island à plus de 3 kilomètres. Une fois arrivée à destination, l’eau pressurisée enclenche des turbines hydroélectriques, qui allument à leur tour le générateur.

L’énergie houlomotrice issue des bouées pompe également de l’eau à haute pression à travers l’usine de dessalement sans jamais avoir besoin de combustibles fossiles. En comparaison, la plupart de ces usines utilisent d’habitude du diesel ou de l’électricité pour pomper l’eau de mer. Carnegie prévoit déjà de mettre en place des bouées encore plus efficaces d’ici 2017 pour produire à terme 1 mégawatt d’électricité par bouée.

Toujours est-il qu’à petite échelle, l’énergie des vagues reste très couteuse, à peu près 40 centimes par kilowatt-heure soit autant qu’une électricité produite grâce au diesel.

"Ce qu’il faut, c’est que les gouvernements instaurent une vraie stratégie basée sur l’énergie des vagues. Aucun pays ne s’est encore penché sur la question" estime Tom Thorpe, fondateur de Oxford Oceanics, un cabinet de conseil britannique. « Ce n’est pas si compliqué. C’est exactement ce qu’a fait le gouvernement danois avec l’énergie éolienne, et c’est le fondement du succès de cette technologie aujourd’hui ».

Source New York Times version papier - 23 avril 2015

Mots clés : vague, electricite, energie, houlomotrice, australie | Ce contenu a été lu 5074 fois.
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