Interview de Laurent Masurel, un homme aqua-tique devenu photographe. Trois fois vice-champion de bodysurf, il photographie les vagues depuis 20 ans et il a transformé cette double passion de l’image et du bodysurf en un métier il y a plus de 10 ans. Cameraman aquatique pour le World Tour, photographe officiel pour l'ASP Europe, Laurent est une figure incontournable du surf professionnel. Retrouvez quelques-uns de ces clichés, en édition limitée et signée, à la galerie 6 feet and perfect.
Qu’est ce qui fait un bon photographe pour toi ?
Laurent Masurel : Surtout depuis l’avènement du numérique, un bon photographe est celui qui a un regard sur un thème, une action… C’est celui qui donne une direction (ou un fil conducteur) à son shoot même si c’est de la photo d’action (pourtant, plutôt intuitive ou basée essentiellement sur la connaissance de la discipline) ; qui va croiser les différents paramètres (lumière, ambiance, environnement, matériel technique, positionnement, rapidité d’exécution…) et optimiser leur rencontre, pour servir son idée ou sa vision, qu’il s’agisse de mode, de pub ou de photoreportage.
Être « au bon endroit au bon moment » ne suffit pas (ou plus), il faut magnifier, optimiser et donner un sens.
Qu’est-ce que la photo t’apporte ?
LM : Une sensibilité au monde sans doute bien aiguisée. Je prends « le Monde » au sens large, cela peut-être la nature, un objet, un sujet, une situation. Photographier est une façon d’être attentif à un maximum de choses. Je me sens d’ailleurs plus photoreporter que photographe. Photographe, à l’ère du numérique, tout le monde l’est plus ou moins.
Quel est le plus difficile dans la photo pour toi ?
LM : C’est d’en vivre bien ! Car pour le reste, la passion est intacte et les champs d’applications multiples voire infinis. Heureusement je travaille avec quelques grandes sociétés, sinon je ne pourrais pas me permettre de partir en surf trip si souvent !
A quel moment as-tu le plus de plaisir ?
LM : Quand je suis dans l’eau à faire des photos en aquatique. Pourtant, en France j’y suis de moins en moins, pris par l’administratif, le commercial, le fait que la photo de sports aquatiques soit de moins en moins rentable. Mais je me rattrape lors de mes surf trips (tout de même au moins 3 mois par an) à l’étranger… où je m’approche des 35 heures hebdomadaires… dans l’eau !
As-tu des artistes/photographes de référence ?
LM : Dans le domaine de la photo de surf : ce sont les photos de Chris Van Lennep (Sud-africain. Années 80/90) en aquatique qui m’ont incité à faire de l’aquatique. Puis est venu le tour de Scott Aichner (devenu une relation à Hawaii), pour moi l’un des meilleurs et novateurs en aquatique jusqu’à ce qu’il arrête vers 2010.
Sinon, je suis admiratif de ceux qui font de la photo comme artiste et qui ont une véritable signature : le travail n’y est plus dans la prise de photo mais dans sa genèse, sa création, sa conception. Je pense par exemple à David la Chapelle. C’est très éloigné de ce que je fais mais je suis attiré par cela : j’aimerais avoir le temps, l’audace, la patience, les moyens... et les contacts, d’envisager chaque photo comme un scénario, un tableau, une conception, un délire. On ne montre pas l’existant, on le construit, l’imagine, le fantasme, le « tord » !
Quel est ton rêve en tant que photographe ?
LM : De ne pas avoir besoin d’en vivre, pour me lancer dans de grands thèmes ou idées photographiques au long cours, qui ne sont pas rentables (du moins au début).Il me faudrait un mécène pérenne ou gagner au loto !
En tant que bodysurfer, quel est ta vague préférée ?
LM : En France : les vagues entre la Madrague et les Cavaliers (Anglet) sont souvent propices à de longues vagues creuses qui ouvrent. Pas mal de sorties de tube dans le coin. La Gravière bien sûr, même si les vagues ont tendance à être un peu rapides pour le bodysurf.
A l’étranger : Pipeline (par swell d’ouest, la vague te pousse dans le foamball et peut t’expulser du tube), Rockpiles (par swell de Nord .Spot juste à côté de d’OTW) ; Les Maldives et le Mexique (Puerto Escondido et surtout Pascuales).
Something else ?
LM : Je vais faire des séries spéciales pour « 6 feet and perfect », qui me permettront de laisser libre cours à mon imagination sur des thèmes spécifiques. Ces photos se rajouteront à celles déjà présentes sur le site de « 6 feet and perfect ». Rendez-vous dans quelques semaines. Je suis fier que mes photos puissent servir de décoration et d’accessoire aussi utiles que les coques de mobiles pour Ocean Surf Report… Cela les rend plus fun et plus belles. Je vais avoir une exposition sur Paris du 15 au 30 novembre 2013 sur un travail subaquatique (www.studiogaleriebb.com), financé par la société d’électronique PNY. Surf Session sort actuellement avec mes photos et mes commentaires, deux beaux agendas (scolaire et annuel).
Retrouvez le travail de Laurent Masurel sur Galerie 6 feet and perfect