À 24 ans Eloïse Buffet enseigne le surf en Bretagne, dans le Finistère, après avoir participé à de nombreuses compétitions régionales et nationales. En parallèle des cours mixtes qu'elle dispense au sein de son école La Torche surf school, elle a décidé d'ouvrir des créneaux uniquement réservés aux femmes. Nous avons discuté avec elle de cette démarche plutôt inédite.
© Valentin Figueras
Dans le surf comme dans la société, les femmes sont encore aujourd'hui moins bien représentées que les hommes. Que ce soit parmi les surfeurs, les professeurs, les coachs, les entraîneurs, les juges, les photographes spécialisés ou encore les journalistes sportifs, les femmes sont bien moins nombreuses que les hommes. Cette réalité ne date pas d'hier. Heureusement, les choses évoluent et les femmes sont de plus en plus présentes aux line-ups du monde entier, davantage représentées dans le milieu, bien qu'il reste du chemin pour atteindre la parité.
Il est donc plus rare de recevoir un enseignement dispensé par une femme. Cette réalité, Eloïse l'a vécue, et même si cela ne semble pas avoir été un problème pour elle, elle souhaite faire bouger les choses et pousser les femmes à se mettre à l'eau, quel que soit leur âge. En proposant au public féminin des cours 100% réservés aux filles, la surfeuse bretonne s'est rendue compte qu'il y avait une vraie demande correspondante à son idée.
Entretien.
- Peux-tu te présenter en quelques mots et revenir sur tes débuts dans le surf ?
Eloïse - "Je m'appelle Eloïse Buffet, j'ai 24 ans et je surfe depuis l'âge de 8 ans. Ça fait un an que je tiens une école de surf avec mon frère à la Pointe de La Torche : La Torche surf school. J'ai commencé le surf en famille à Guidel, c'est ma maman qui a commencé par prendre des cours et qui nous a emmené surfer. J'ai tout de suite accroché et je surfe tous les jours depuis. J'ai été sélectionnée pour m'entraîner avec le Pôle espoir de la Pointe de la Torche. J'ai fait de la compétition et j'ai été plusieurs fois championne de Bretagne.
- Comment en es-tu venue à enseigner le surf ?
Eloïse - Le surf fait complètement partie de ma vie et j'ai eu des moniteurs de surf qui ont beaucoup influencé ma pratique. J'ai eu envie de transmettre ma passion, c'est comme ça que je suis devenue monitrice de surf.
- Comment t'es venue l'idée d'ouvrir des cours réservés aux femmes ? Vient-elle de toi ?
Eloïse - Initialement, l'idée des cours 100% filles vient de moi. Je pratique depuis longtemps maintenant et je n'ai toujours eu que des moniteurs de surf mecs, sauf une fois une entraîneuse du Pôle qui m'a beaucoup apportée. Depuis que j'ai eu mon BP, que j'ai ma propre école et que je donne des cours, j'ai eu envie de me lancer et de proposer des cours uniquement réservés aux filles. Je ne savais pas vraiment ce que ça allait donner. Suite à un sondage sur Instagram j'ai reçu environ 80 réponses de filles motivées. Je n'étais donc pas la seule à avoir envie de cours 100% féminins.
- Que penses-tu que cela puisse apporter aux femmes par rapport à des cours donnés par un homme ou avec des hommes ?
Eloïse - Je pense qu'avoir une monitrice femme en tant que femme permet d'avoir des conseils plus adaptés sur le choix du matériel, le passage de barre... J'ai un vécu de surfeuse, j'ai appréhendé cette activité en tant que fille, c'est ça qui fait la différence. Pendant ces stages 100% filles, je n'ai pas envie d'axer les cours sur la performance. Même si je me ferais un plaisir de les aider à ce niveau-là grâce à mon expérience. Mais je souhaite faire des cours cool et sans pression avant tout !
- N'as-tu pas peur que cela renforce la séparation souvent faite entre les hommes et les femmes dans le surf ?
Eloïse - Non, je ne pense pas que cela renforcera la séparation entre les hommes et les femmes. Je tiens mon école avec un homme, mon frère, et ces cours 100% filles ne sont qu'une petite partie de mon travail. Le reste du temps je donne des cours mixtes. Et quand on va surfer, il y a des mecs à l'eau autour de nous, on ne s'enferme pas qu'entre filles, on reste mélées aux autres.
- As-tu eu des expériences qui t'ont poussée dans cette démarche ?
Eloïse - Je n'ai pas vécu de choses qui m'ont marquée personnellement. Mise à part le fait de n'avoir eu quasiment que des entraîneurs hommes et que j'ai très souvent été la seule fille pendant mes cours de surf. J'ai envie de pousser les filles à faire du surf, que l'on soit de plus en plus nombreuses à l'eau et dans les centres d'entraînement.
- Que penses-tu de la place de la femme dans le surf aujourd'hui ?
Eloïse - Je pense que l'on est pas encore assez représentées. Il n'y a pas assez de monitrices dans les formations, sur la plage, pas assez d'entraineuses pour les filles qui ont un bon niveau. On est encore très souvent coachées par des garçons. Je voudrais pousser un maximum de femmes à s'y mettre, de tous les âges et de tous les niveaux. On pense souvent que le surf est réservé aux jeunes femmes habituées à la mer. Mais tout le monde peut se mettre à l'eau et surfer !"
> Par Ondine Wislez Pons
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