Présenté lors de l’Internation Surf Film Festival d’Anglet, La Maestra et son héroïne Mayra Agulair ont remporté le prix du « Meilleur Surfeur ».
Réalisé par Elizabeth Pepin Silva et Paul Ferraris, le documentaire raconte l’histoire de Mayra, une institutrice dans un petit village rural à Baja (Mexique) devenue la première femme à surfer dans le coin. Tourné en espagnol et sous-titré en anglais, le film montre comment elle a inspiré ses étudiants et d’autres locales à se mettre au sport et suivre ses rêves.
A l’occasion de la projection du film, nous avons rencontré la réalisatrice américaine Elizabeth Pepin-Silva :
OSR : Bonjour Elizabeth, pour ceux qui n’ont pas eu la chance de voir le film, peux-tu nous en faire le pitch ?
Elizabeth Pepin-Silva : C’est un projet que j’ai développé avec mon ami Paul Ferraris, un photographe de surf très connu. Il est également professeur, et a reçu une bourse pour embaucher un mentor et ainsi apprendre quelque chose de nouveau afin de l’enseigner ensuite à ses élèves. Il a voulu apprendre à faire un documentaire et il m’a appelé. C’est comme ça que l’histoire du film a commencé.
Sa mère vient de Baja (Mexique) et il voulait faire un film de surf sur cette région en particulier. Je connaissais justement Mayra depuis 2001, j'avais vu progresser cette magnifique surfeuse au fil des années. Malheureusement mon espagnol est très mauvais donc j’avais besoin de quelqu’un à mes côtés qui maitrise la langue pour pouvoir réaliser un film sur elle. Et voilà, Paul était là. C’était l’occasion de montrer une autre image des surfeuses. On avait assez d’argent pour filmer durant une semaine donc a contacté Mayra et elle a dit oui. On y est allé en juin de l’année dernière. Et ensuite cela nous a pris un an pour faire le film. Ce n’est pas seulement sa propre histoire qui est racontée mais aussi celle de sa communauté. Nous avons voulu développer deux idées. D'abord sur le pouvoir d'une femme à décider de son propre destin qui finit par impacter toute une communauté. Quand Mayra a commencé à surfer tout le monde s’est dit qu’elle était folle et aujourd’hui d’autres femmes de sa ville s’y sont mises grâce à elle. Et ensuite nous avons voulu tenir un propos sur le tourisme du surf. Beaucoup d'étrangers viennent surfer au Mexique pour profiter des très belles vagues mais impactent énormément la vie locale (l’économie, l’ambiance à l’eau…). Je me souviens de cette fois pendant le tournage où 45 surfeurs venus de San Diego ont surpeuplé le spot en quelques minutes. Comment est-ce possible ?
OSR : Te considères-tu féministe ?
Elizabeth Pepin-Silva : C’est drôle parce que ce n’est pas conscient mais je pense que je le suis, j’ai toujours fait ce que je voulais. C’est important que les femmes soient soutenues dans leur envie d’avancer. Les surfeuses n’ont pas besoin de devenir des top-models pour soutenir leurs performances…
OSR : Est-ce que le surf peut être un moyen d’émancipation ?
Elizabeth Pepin-Silva : Oui absolument. Je pense que ça demande du courage d’aller à l’eau, surtout quand c’est un peu plus gros. Il faut trouver la force en soi de le faire, et quand on se rend compte qu’on peut le faire, on dépasse ses limites et c’est applicable à plein d’autres aspects du quotidien. C’est ce qui est génial avec le surf, on prend confiance en soi.
OSR : Es-tu toujours en contact avec Mayra ?
Elizabeth Pepin-Silva : Oh oui ! Nous sommes retournés au Mexique pour la première fois depuis le tournage il y a trois semaines tout juste ! Nous y avons fait une projection gratuite du film, il y avait la moitié du village, près de 150 personnes. Les gens ont adoré !
OSR : Est-elle au courant du passage du film au Festival d’Anglet ?
Elizabeth Pepin-Silva : Oui, j’ai posté une photo sur Facebook, elle n’en revient pas ! Elle vient de ce petit village de pêcheurs et soudainement sa vie est diffusée sur des écrans à l’autre bout du monde. Elle est très fière et en même ébahie ! C’est une surfeuse incroyable, je surfe depuis près de 20 ans et je n’approche pas son niveau… Elle est née pour ça.
OSR : Quels sont tes projets futurs ? D’autres projections peut-être ?
Elizabeth Pepin-Silva : A l’automne il y a la sortie officielle de La Maestra aux Etats-Unis. On va faire une tournée « traditionnelle » en Californie en partant de San Diego pour finir à San Francisco en passant par tous les spots de surf de la côte ce qui est plutôt cool car ça nous donne l’occasion de surfer par la même occasion ! Et dans deux semaines à mon retour nous allons entamer un nouveau film de surf avec Paul, sur deux pionnières du surf féminin : Linda Benson et Joyce Hoffman. C’est un focus sur leur carrière mais aussi sur la manière de représenter cet artefact de la surfeuse californienne.