Matos - Mathieu Crepel : "Vouloir revenir aux origines de nos différents sports et les lier"

Avec l'aide d'Axel Lorentz, le snowboardeur professionnel a conçu un modèle de planche hybride permettant de dévaler les faces d'une montagne comme de surfer dans des vagues.

- @oceansurfreport -

Avec la rubrique Surf-Report Matos 2019 retrouvez tous les mois un article dédié au matériel, à l'équipement des surfeurs et au travail des shapers.

Depuis son enfance, partagée entre ses terres natales de Tarbes, la station pyrénéenne de la Mongie et les plages du Pays basque, Mathieu Crepel a toujours souhaité concilier deux disciplines. "Pour moi, le snowboard et le surf sont indissociables et me passionne autant. J'aime jouer entre l'un et l'autre", confiait-il en mai 2019. À cette même période, le snowboardeur professionnel de 35 ans souhaitait concrétiser un nouveau projet qui n'était encore qu'au stade de "délire".

Dans la lignée des différentes expéditions Odisea, qui mettent l'accent sur le cheminement de l'eau, des cimes enneigées jusqu'aux vagues en passant par les rivières, Mathieu Crepel a conçu un modèle de planche hybride, permettant de dévaler les faces d'une montagne comme de surfer dans des vagues. "Le champion de la bande" revient en détail sur les caractéristiques de cette planche pas comme les autres, réalisée aux côtés du shaper Axel Lorentz.

Surf Report : Quand et comment ce concept de planche hybride a-t-il émergé ?

Mathieu Crepel : C'est une idée que j'avais en tête depuis un petit moment. Mais j'ignorais comment le réaliser, c'est pour ça que c'était un "délire". J'en parlais à des potes qui trouvaient l'idée vraiment cool. Puis ce projet a vraiment pris forme quand j'ai rencontré Axel Lorentz.

La connexion s'est faite naturellement ?

On ne se connaissait pas vraiment, mais nous avons commencé à discuter par message avant de se rencontrer. Il m'a fait part de son histoire, en m'expliquant que son premier amour était le snowboard et qu'il passait toutes ses saisons dans les Alpes à travailler la nuit pour payer ses forfaits... Il a commencé à shaper des powsurfs, des planches de snow sans fixations destinées être surfées dans la poudreuse, mais sans imaginer le fait qu'elles puissent aller dans les vagues.

Quel était le degré d'implication d'Axel dans ce projet ?

Il était à bloc ! En tant que shaper et passionné de snowboard, ça lui parlait. C'est ainsi que nous nous sommes retrouvés chez lui, dans sa salle de shape. Il est tellement passionné par cette histoire qu'il y met tout son cœur ! Il me racontait que parfois ça lui empêchait de dormir et qu'à 4h du mat', il se levait pour aller shaper ! Je pense que je n'aurais pas pu réaliser ce projet sans une personne comme lui.

Tu souhaitais vraiment que la planche soit la même en surf qu'en snow...

Oui, pour ma part ç'aurait été facile de mettre des fixations ou de rajouter des dérives en fonction de l'utilisation.

Comme l'avait fait Rob Machado avec Signal Surfboards en 2012...

Exactement. À mon sens, c'était un projet peu abouti. Avec des fixations dans la neige ou des dérives dans les vagues, tu peux plus ou moins rider avec n'importe quoi.

Quelle était l'intention principale derrière ce projet ?

L'idée n'est pas d'inventer une discipline mais de joindre le surf et le snowboard en poudreuse. Ces deux univers similaires de glisse possèdent les mêmes origines et se sont construits autour d'un même élément : l'eau. Quand il n'y avait pas de vagues, certains surfeurs se sont mis au skate. Puis quand l'hiver arrivait, ils ont souhaité retrouver des sensations comparables mais sur la neige... Il y a ce côté historique de vouloir revenir aux origines de nos différents sports et les lier. Je ne voulais pas être dans la performance mais plutôt dans la pureté et le côté originelle de la glisse, en snowboard comme en surf.

Quelles sont les particularités techniques de cette planche hybride ?

Le plus compliqué était de combiner les volumes des deux types de planches : il faut avoir une certaine flottabilité en surf pour ramer et démarrer. Et au contraire, il faut des rails fins en snowboard pour carver et accrocher la neige. Pour ce premier modèle, on est parti sur une 5'2 avec beaucoup de volume à l'avant.

Au moment de le tester, qu'en as-tu pensé ?

En montagne, je l'ai testé au printemps dernier à Baqueira, dans les Pyrénées. Les conditions n'étaient pas idéales, la neige était compacte alors que ce genre de planche est vraiment conçue pour être ridée dans la poudreuse. J'avais plus de retenue par rapport à la performance en surf, mais j'ai été agréablement surpris. C'était une belle journée de surf le mois dernier, et Miky (Picon) m'avait parlé d'une jolie gauche aux Culs Nus. Étant goofy, je préférais l'essayer frontside. Une fois à l'eau il y avait un bon mètre, 1m50 dans les séries, et j'ai pris des bonnes branlées ! 

Un deuxième prototype devrait voir le jour bientôt...

Qui est actuellement au stade du glassage, oui. Il y avait quelques détails sur la première planche qui pouvaient être améliorés. On a augmenté la taille, affiné les rails et rajouté des channels. L'idée maintenant, c'est de la récupérer et de vraiment me l'approprier dans l'eau, où il faudra sans doute passer plus de temps qu'en montagne. On va voir ce que ça donne !

>> Teaser et images : Guillaume Arrieta l Sortie du mini-film au printemps 2020.

               
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