- Vice champion du monde de Tandem, tu as eu aussi de bons résultats en saut à la perche il y a quelques années?. Racontes-nous un peu ton parcours.
- Je viens de Lille ou les sports « extrêmes » ne sont pas monnaie courante donc mon parcours sportif est assez classique. Gym, grâce à mon père et Athlétisme par ma mère, le compromis était tout trouvé avec le saut à la perche. J'ai sauté 5m30 assez jeune ce qui me plaçait dans le Top 3 français et j'ai eu quelques podium nationaux.
- Qui t'a mis une planche dans les pattes?
- J'ai toujours eu une attirance pour la glisse, d'abord urbaine avec le skate et le BMX. J'ai essayé le surf en vacance à Seignosse et j'ai tout de suite accroché. A la fin de ma carrière sportive j'ai tout plaqué pour surfer. J'ai économisé une saison pour partir au Mentawaii 6 mois. J'ai eu la chance de bosser comme skipper sur un charter boat sud Africain et de surfer des vagues pas encore surfé.
- Quand?
- Ma première initiation au surf remonte en 1987 mais ma première vraie vague, c'était à Quiberon en 1995.
- Il y a des similitudes au niveau des sensations entre le saut à la perche et le surf?
- Pleins de chose sont similaires, mais c'est dans le gros surf qu'on retrouve le plus de similitudes. La prise de risque et une technique impeccable dans les moments critiques sont les points communs.
- Comment es-tu venu au tandem?
- Par hasard, en initiant une copine au surf sur un vieux flotteur de planche à voile. Le coté ludique d'être a 2 sur une vague dans un premier temps et ensuite d'y faire des portés acrobatiques. Finalement, c'est de surfer comme tout le monde sur tout type de vagues qui m'attire.
- Ta partenaire Sarah a aussi un parcours qui l'a aidé à briller rapidement en Tandem?
- Sarah a en effet suivi pendant 10 ans l'école du cirque de Bordeaux et avait des prédispositions pour le risque calculé. Son frère étant surfeur, elle l'avait suivi au LSC. Le Tandem était la discipline qui lui convenait le mieux du fait des similitudes de ces 2 passions.
- Quand on voit ces photos à Hawaï sur du gros, racontes nous ce que vous ressentez?
- Je pense qu'on ressent exactement les mêmes choses que les surfeurs qui évoluent en solo. Le point qui diffère est que si la vague est réussi, le bonheur est décuplé par 2. D'autre part, je suis responsable de Sarah et en cas de pépin, en plus du fait de gérer ma sécurité, j'ai celle de Sarah à prendre en compte. C'est parfois très dur car je stresse pour elle sous l'eau et je perds de l'énergie. Maintenant Sarah a vraiment des facultés de Waterwomen incroyable et c'est très rare que nous soyons en mauvaise posture.
- Il faut une sacrée complicité non?
- C'est la base du Tandem avec la confiance. On se connaît depuis maintenant 7 ans et nous avons surfé les spots les plus fou du Monde en Tandem (Guéthary, La nord, La Gravière, Pipeline, Sunset, Makaha, Rocky, Uluwatu, Impossible, Keramas, Changu, Hapiiti, Popo, Hopunou, Snaper, Lennox, The pass, Noosa).
Si Sarah n'était pas aussi proche de moi et si elle ne me faisait pas une entière confiance, nous n'aurions pas pu atteindre le niveau auquel nous évoluons maintenant.
- C'est comment le Pipe en Tandem?
- C'est assez sympa. Nous avions fait nos preuves sur d'autre spots du North Shore avant d'attaquer Pipe pour que les locaux sachent qui nous étions. Nous devions absolument prendre une vague au deuxième reef pour ne pas partir trop dans le creux et avons attendu presque 2h pour cela. C'est surtout la dimension que prend le mot PIPELINE quand on est sur le spot qui impressionne. Cette vague a mauvaise réputation et nous y avons surfé juste 15 jours après la mort de Malik, donc autant dire que nous étions très humble devant le défi à relever.
- Les locaux sont comment avec les tandems sur le North Shore?
- Ils sont tous, sans exception surpris de nous voir là (surtout à Pipe, Rocky ou Sunset) et se demandent si nous ne sommes pas des touristes perdus a la recherche de Waikiki. Une fois notre première vague prise tout le monde s'incline. On a même très souvent des encouragements venant de « HOT » locaux parce que nous véhiculons positivement l'héritage culturel Hawaiien. Maintenant, ce n'est pas uniquement Hawaiien comme comportement puisqu'à Bali, en Australie, en France ou encore à Tahiti ce sont les mêmes réactions. Je ne sais pas pourquoi le Tandem véhicule ce type de réactions, complètement opposé aux comportements du surfeur plutôt égoïste. En tous cas nous n'avons jamais eu des vibrations négatives par rapport à cette spécialité.
- Vous surfez ensemble depuis combien de temps?
- Nous surfons ensemble depuis 8 ans et depuis 6 ans en compétition.
- Tu as eu d'autres partenaires?
- Oui, j'ai commencé avec Claire Dereux qui est maintenant l'une des meilleures longboardeuse Française/Européenne (2ème) et même Mondial (9ème). Sarah est l'une de ces meilleures copines, et a un gabarit plus adapté pour le Tandem que Claire. La transition s'est faite sans problème.
- Le ? thrill ? en tandem c'est quoi?
- Il y en a tellement que c'est assez dur de n'en citer qu'un. Il y a le partage avant tout. Je pense que le fait d'aller dans des vagues très grosses ou très creuses à deux alors que des surfeurs n'iraient pas seul est très plaisant comme sensation. Les gens hallucinent de nous voir surfer dans ces conditions. Le fait de gagner des compétitions, en étant à 100% de nos moyens, est très sympa aussi. Il y a tellement de stress lié aux conditions de vagues et à la notion de performance en compétition que quand tout se passe bien c'est vraiment sympa.
- C'est très physique non?
- C'est assez physique effectivement mais seulement au niveau ou nous le pratiquons. Nous nous sommes entraînés pour cela et je ne laisse rien au hasard dans ma préparation physique. Maintenant, faire du Tandem est vraiment accessible à tout le monde pour peu qu'on sache surfer.
- Plus grosses vagues surfées en tandem?
- C'était le fameux jour de la finale du Quiksilver Pro France à Hossegor en 2005, tout le monde là bas faisait du Tow In, et nous avons surfé à Lacanau un banc de sable improbable à cette taille. C'était tout simplement ENORME et parfait. Personne à l'eau et à la maison, le pied.
- Votre plus grosse frayeur en tandem?
- Nous n'avons pas vraiment eu de grosses frayeurs à part Pipe et ce jour ENORME à Makaha ou nous avions pris un léger risque en étant un peu trop a l'intérieur et avons ramassé sévère. Je crois que c'est notre plus longue apnée en tous cas.
- Cette année, vous étiez à quelques points du titre. Que s'est t'il passé?, vous avez perdu le titre à quel moment?
- Nous avons perdu le titre, la veille du 6* de Floride, car nous avons manqué notre avion à Paris. Nous étions leader du classement Mondial et juste le fait de rentrer dans cette compétition nous aurait couronné Champion du Monde WTT. Nous avons aussi fini Vice champion du Monde ISA à Hawaii et cette compétition est comme la triple crown pour les couple de Tandem. C'est une épreuve importante en hommage au Duke et difficile puisqu'elle se déroule à Hawaii, là ou le Tandem est né et où cette activité prend tout son sens culturel.
- Quels sont les couples que vous kiffez?
- L'ambiance dans le milieu du Tandem est excellente même si , comme partout , des jalousies ce font sentir par moment. Nous avons, avec Sarah un certain plaisir à surfer et voyager avec Brian Keaulana et Kathy Terrada (HAW) qui sont les ambassadeurs de notre sport. Les tandems surfeurs dans le top 10 mondial sont de grands Waterman et Water women et c'est toujours avec un grand plaisir que nous nous retrouvons en compétition pour jouer ensemble.
- Les couples qui montent en France?
- Le niveau en France augmente doucement mais sûrement grâce a la Fédération française de Surf qui supporte notre discipline et a mis en place 6 coupes de France. Clément et Déhlia de Biscarosse est vraiment le couple qui monte, et avec des moyens financiers plus importants ils pourraient être facilement rentrer dans le top 5 mondial.
- Combien de couples y a t-il en France?
- Nous n'étions que 5 couples il y a encore 4 ans et nous sommes maintenant plus de 15 couples licenciés. Le fait aussi d'avoir des coupes du monde organisées sur notre territoire nous facilite la tache au niveau international. Nous sommes 7 équipages dans le Top 15 grâce a la validation de nos coupes de France en WTT 1*.
- En quelques mots comment est noté le tandem. Ce qui vaut le plus de points?
- Nous sommes notés selon 3 critères.
· Le Surf, avec les mêmes objectifs qu'en shortboard/10pts.
· Le porté le plus dur /10pts
· La somme des portés effectuées sur la vague et le coté artistique/10pts
Pour gagner en compétition il ne faut plus seulement savoir porter ou surfer la vague, il faut vraiment être complet sur les 3 critères.
- En dehors du Tandem, tu organises des évènements. Tes projets pour 2009?
- Mon premier projet, après avoir trouvé un nouveau sponsor et fait bonne figure à la Molokaii (Championnat du monde de pirogue Hawaiienne monoplace) en Avril à Hawaii. Je m'entraîne chaque jour avec ce but en tête. Je suis aussi en charge à la Fédération d'organiser le circuit Coupe de France Longboard/Stand Up/Tandem et cette année encore le tour sera riche avec de nouvelles étapes et j'espère encore plus de monde qui participe à ces 3 disciplines.
Ensuite j'organise le challenge HULINOKEA (4 étapes), seule course de pirogues Hawaiienne Down Wind en France (1, 2, 6 places, Stand Up, Paddleboard, Kayak) entre Boucau et Socoa. J'organise aussi le Lacanau Watermen Océan games début Septembre qui rassemble l'élite des waterman Français pendant 2 jours sur 5 disciplines différentes. Pour conclure, j'aimerais organiser une compétition de pirogue à 4 dans les vagues (façon Buffalo Contest à Makaha) et développer cette activité au niveau fédéral.
- Tu as aussi créé l'ITSA pour encadrer le tandem. Parles-nous de ce Tour, combien d'épreuves, où se déroulent-elles en 2009?
- J'ai effectivement créé l'ITSA en 2005 pour fédérer et structurer notre activité qui depuis un siècle était dans un flou total au niveau jugement de compétition. En 2006, nous sommes reconnus par l'ISA pour organiser notre championnat du monde qui se déroule maintenant chaque année à Waikiki (Queens) en août.
En 2007 j'ai mis en place un circuit coupe du Monde regroupant l'ensemble des festivals qui intégraient le Tandem et nous avons monté un tour sur 5 épreuves. L'année dernière j'ai ouvert l'organisation d'un WTT à tout le monde avec un cahier des charges simple et abordable. Nous avons eu 15 compétitions sur 4 continents avec le même système d'étoiles que le WQS.
- Que signifie exactement pour toi le mot waterman?
- Pour moi, j'appelle Waterman quelqu'un qui n'est fermé à aucun sport pratiqué sur l'océan. La culture Hawaiienne m'a appris à me faire plaisir dans l'océan, quoiqu'il arrive et surtout, dans toutes les conditions de vent ou de vagues. Il nous arrive très souvent alors que tout le monde trouve que c'est pourri de nous éclater. Certaines personnes (Bonga Perkins, Duane De Soto, Brian Keaulana, Kalani Vierra, Laird) m'ont influencé dans ce sens et j'adhère complètement à ce coté marin touche à tout du Surf.
- Votre press book est complet. Vos retombées les plus marquantes en TV et Presse spécialisée?
- Nous avons fait quelques 20h sur France2 et TF1 et beaucoup de télévisions locales ou régionales. Nous sommes aussi passés dans des magazines très grand public comme VSD ou Paris Match. La parution d'un article sur nous dans l'équipe Mag fut aussi une agréable surprise et c'est surtout d'être reconnu par le milieu du sport qui a été flatteur pour nous. Mais ce dont nous sommes le plus fiers c'est certainement la couverture que nous avons fait cet hiver en Australie à la suite de notre 6 ème victoire consécutive en coupe du Monde au Noosa festival. En plus la photo est vraiment superbe.
- Où en es tu de vos sponsors?
- Nous sommes en pleine recherche de nouveaux sponsors (lunettes, surf wear, Shoes, Montres, etc.) Nous continuons avec notre fabriquant de planche (UWL) avec qui nous avons développé une vrai amitié et cela vaut beaucoup plus qu'un partenariat. La société de Brian Keaulana (C4) m'aide aussi pour les rames de Stand up, c'est Black local qui shape mes planches de SUP et FCS nous supporte depuis toujours. Les temps sont difficiles pour les marques de surf mais j'ai l'avantage de proposer en plus de nos retombées médiatique Tandem beaucoup de support avec toutes les compétitions que j'organise. De plus, le Tandem concerne aussi bien la presse féminine que masculine.
- Vos moments forts de votre carrière en Tandem?
- Le titre de Champion du Monde ISA n'est vraiment pas passé loin et notre deuxième place à Hawaii est pour l'instant l'une de nos plus belles performance. Le fait de n'avoir jamais été battu en Australie sur la fameuse vague « the point » à Noosa est aussi une grande satisfaction.
- On peut imaginer la création d'une Tandem Surf School un jour?
- Je le fais déjà plus ou moins. J'initie pas mal de fille motivées par cette discipline mais le Tandem manque cruellement de gars prêt à sacrifier une session de surf pour emmener une demoiselle surtout quand c'est parfait. Les coupes de France servent aussi à initier les équipes motivées aux techniques assez complexes des portées.
- Comment tu vois le futur du tandem?
- On avance doucement avec l'ITSA, mais on manque cruellement d'argent pour pouvoir passer à l'échelon supérieur. On aimerait étendre notre action à d'autre pays demandeurs comme le Brésil ou le Costa Rica, mais encore une fois nos finances sont maigres et c'est assez dur d'envoyer des juges fiables aux 4 coins du globe. Je pense qu'on a une base solide avec enfin, une régularisation au niveau Mondial des règles de jugement. C'était important de retrouver partout dans le monde la même façon de juger et surtout qu'elle soit le plus lisible et transparente possible. Le Tandem sera toujours l'une des activités préféré du « grand public » et on s'en rend vraiment compte quand on sort de l'eau en free surf et que toute la plage vient nous féliciter pour notre prestation, chose qui arrivera rarement avec les autres disciplines.
Interview :
Mitch.
Crédit photos :
Bilderback
Masurel
Rip Curl
Moonwalker
Cazenave
Plus d'informations :
www.itsatandem.com
www.tandem-attitude.com
Powered by Christophe
Envoyez-nous vos photos, vidéos, actualités à l'adresse suivante
contact@surf-report.com
contact@surf-report.com